La hausse des prix des produits essentiels et services élémentaires n’est plus à démontrer. Pour les familles modestes, cette inflation est un fardeau immense. Elle a plombé leur pouvoir d’achat, et les ménages vivent aux rythmes de dettes qu’ils peinent à rembourser. Surendettés, plusieurs fonctionnaires ne savent plus à quel saint se vouer.
Barutwanayo est infirmier. Ayant décroché son job il y a six mois, il s’est vite marié comme font de nombreux jeunes célibataires qui décrochent un emploi. Sa femme est chômeur, et encore étudiante. Avec son salaire de 350 000 BIF, il loue une maison de deux chambres et salon à Kinama pour 150 000 BIF. Le charbon lui coûte 60 000 BIF par mois, à raison de 2000 BIF par jour. Pour se rendre au boulot, le bus de déplacement à 550 BIFdeux fois par jour lui prend 27 500 BIF par mois. Et pour sa femme, il lui paye 22 000 BIF pour ses déplacements à l’université. La ration alimentaire leur coûte mensuellement 200 000 BIF, les unités à deux pour les mégas internet 14 000 BIF, l’eau et l’électricité 15 500 BIF le mois. Le tout revient à 475 000 BIF. Là, il n’y a pas encore le compte pour le savon, le dentifrice, l’achat des habits, ou le social avec des amis.
Avec un salaire de 350 000 BIF et des dépenses élémentaires à 475 500 BIF, Barutwanayo est toujours endetté pour survivre et faire vivre sa famille. « Des fois, je suis à découvert sur salaire à la banque et le taux d’intérêt bancaire n’est pas moindre…mais, je n’ai pas le choix », déplore Barutwanayo qui vient de demander un crédit supplémentaire à sa banque. « D’autres jours, je suis obligé de m’endetter auprès de mes collègues, et rembourser n’est pas une mission facile. Je suis déjà surnommé Karyamyenda, car je rembourse rarement, et des fois, je me cache pour ne pas croiser ceux à qui je dois de l’argent », renchérit-il, avant d’ajouter qu’il a une dette auprès de ses amis équivalant à 268 000 BIF.
L’inflation à l’origine
Le témoignage de Barutwanayo n’est pas un cas isolé. C’est une réalité partagée par plusieurs ménages. Le PIB par an pour un Burundais lambda est de 269 USD, soit 544 000 BIF par an. C’est-à-dire 45 333 BIF par mois. Avec la hausse du prix du carburant et du prix de transport, avec la limitation des deux et trois roues qui entrave le transport en ville, sans oublier la hausse actuelle des loyers et des produits alimentaires, joindre les deux bouts du mois est une gymnastique qui n’est pas à la portée de tout le monde.
Et d’ailleurs, d’après les chiffres, le taux d’inflation ne cesse d’aller crescendo. Définie par la mesure de l’indice des prix à la consommation (IPC), cet indice était en hausse de 10 % pour le mois de décembre 2021 contre une hausse de 8,0% pour le mois de décembre 2020. Or, si l’IPC est positif, cela explique qu’il y a une inflation. En 2020, elle était à 7,3 %, puis à 8,5 % en 2021 et 9,2 % en 2022.
En raison de cette baisse du pouvoir d’achat, la consommation des ménages, principal moteur de l’économie, est en berne. « Le prix du transport a grimpé, mais les indemnités de déplacement restent inchangées. Il en est de même avec les allocations familiales, sans parler du salaire qui n’évolue pas alors que les prix ne cessent d’atteindre les sommets », se lamente Barutwanayo.