Les messages de haine ne passent pas uniquement par la parole mais aussi par les images. A l’ère des réseaux sociaux, l’on observe une propension à diffuser des images choquantes. Onesphore Nibigira, journaliste et photojournaliste nous parle de l’attitude idoine dans ce contexte.
D’emblée, que devons-nous comprendre par image ?
L’image est une représentation visuelle ou mentale de quelque chose. Souvent lorsqu’on parle d’image, on entend la photo, les tableaux, les films, la sculpture, etc.
Avec l’histoire récente et douloureuse du Burundi, comment est-ce que les images peuvent contribuer à la prolifération des messages de haine ?
D’abord toute image véhicule un message et ce message est différemment apprécié. Un sémioticien italien disait que le message n’est pas un paquet clos mais un paquet ouvert qu’on renouvelle à chaque transmission. C’est-à-dire qu’un message peut être transformé par celui ou celle qui le transmet au point que le dernier récepteur aura une version complètement déformée. De la même manière, les images choquantes peuvent contribuer à la prolifération des messages de haine dans le sens où celui ou celle qui a vu par exemple l’image d’un cadavre d’un membre de sa famille, peut développer la haine et un esprit de vengeance.
Est-ce que les images peuvent contribuer à la prolifération des messages de haines entre les composantes de la société Burundaise ?
Si tel ou tel autre voit une photo ou une vidéo choquante, il peut dresser les membres de sa famille contre ceux supposés être responsables de ce qu’il a vu sur la photo ou dans la vidéo. De fil en aiguille, cette haine peut s’élargir au clan, à la région, à l’ethnie, etc.
Quelle devrait être l’attitude de celui ou celle qui reçoit une telle image ?
Avant de parler de l’attitude de celui ou celle qui reçoit une image choquante, parlons d’abord de ceux qui les envoient. Si des circonstances te conduisent à voir un cadavre, pourquoi prendre une photo ? Pour quel motif ? Si tu prends une photo pour l’envoyer à la police par exemple, cela est constructif. Si tu prends une photo choquante pour une éventuelle autopsie, là également c’est utile. Mais pourquoi la partager dans des groupes WhatsApp ? Est-ce que les gens réalisent le ressenti des proches de la victime lorsqu’une telle image circule sur les réseaux sociaux ? Je conseillerais à toute personne de ne pas envoyer ou partager ce genre d’images. A celui ou celle qui les reçoit de les supprimer directement. Evitons de partager les images choquantes. C’est aussi simple que ça.