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L’alcool, une épine dans le pied d’un jeune couple

Depuis la nuit des temps, l’alcool occupe une grande place dans la société burundaise. Pour certains, ça relaxe, pour d’autres, il désinhibe et permet aux gens de s’amuser. Mais cela n’empêche pas les couples de subir les conséquences liées à la consommation abusive de l’alcool. Témoignages.

A travers des expressions courantes, notre vie quotidienne fait sans cesse référence à la dimension sociale de l’alcool. « Umugabo ntarya aranywa », « Nta jambo ritagira inzoga ». « Mpa inzoga ndakugabire », sont entre autres les idées reçues qui valorisent la consommation d’alcool. Ces idées reçues sont tellement ancrées dans la société qu’elles causent souvent des problèmes dans les familles, et malheureusement, ce sont les femmes qui subissent le plus souvent les conséquences. 

Joselyne habite à Ruziba au sud de la capitale économique. John, son mari est enseignant…et alcoolique. Elle témoigne : « Notre foyer est devenu un champ de ruines depuis que je me suis mariée avec John ». Elle se dit malheureuse surtout depuis qu’un autre membre est arrivé dans son ménage. Celui-ci prend de plus en plus de place et l’éloigne de son époux : l’alcool.

L’alcool a brisé la vie du couple

« Mon amour, que dire sur lui ? Même dire « mon amour » me fait du mal. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer », s’interroge cette mère de deux enfants. La relation de couple s’est détériorée depuis cinq ans.

Jusqu’à aujourd’hui, Joselyne ne sait pas exactement quand ça a commencé à aller de travers et, ça la ronge. John est devenu comme vide, sans chaleur et sans émotions. Presque toutes les discussions avec son époux finissent en cris ou en pleurs. « Il rentre tard dans la nuit. Il me rabaisse ou m’insulte, sans jamais peser ses mots. Le lendemain, il ne s’en souvient plus, et tout recommence. »

D’après cette jeune femme, le pont d’amour qui les unissait s’est effondré. Elle en est arrivée à un point où dès qu’elle voit son mari, une haine l’envahit. « Je ne suis plus amoureuse de lui. », avoue Joselyne. Ce sentiment est parti, il y a bien longtemps. « C’est ce que je ressens tous les soirs quand il rentre et que je le vois tituber et trébucher d’ivresse ».

La dilapidation de l’argent familial

L’année dernière, cette pauvre femme est tombée en dépression. Son mari a contracté un prêt de 5 millions BIF. Il les a bousillés en deux semaines. « Cela m’a affectée plus que mes parents et amis ne le pensent. »

Cette famille de Ruziba manque les besoins essentiels comme les frais de scolaires, les soins de santé, etc., parce que le chef de ménage dilapide tout l’argent dans l’achat de l’alcool. « Des fois, je ne parviens pas à joindre les deux bouts du mois. Il est très difficile d’acheter les médicaments quand les enfants tombent malades », confie Joselyne.

Pour payer les frais de scolarité de son fils aîné, elle doit recourir à des amis. « Ils me prêtent 200 mille BIF. Malheureusement, je n’ai pas encore remboursé le prêt que j’ai dernièrement contracté », avoue la jeune femme.

Les violences sexuelles aussi

Cette femme brise le mur du silence qui entoure les abus sexuels dans son couple. « Je ne peux pas compter combien de fois ce soûlard m’a violée. », se remémore-t-elle. Des fois, quand Joselyne a ses règles et qu’elle ne se sent pas prête à avoir des rapports sexuels, son mari ne veut rien entendre.

Son mari s’est mis en tête qu’elle ne veut plus accomplir le devoir conjugal. « Il me prend par force et je me sens violée ».  Joselyne n’a toujours pas osé porter plainte à la police contre son mari par crainte de la stigmatisation sociale qui pourrait s’abattre sur elle.

 

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