La province Cibitoke regorge de beaucoup de sites touristiques et les gens prennent souvent cette destination pour y passer de bons moments de détente surtout les weekends. Mais quand vient le temps de dormir au centre de négoce de Cibitoke, le bruit infernal des machines de l’usine Buceco transforme le séjour en un chemin de croix. Un blogueur a passé une nuit dans un quartier à une vingtaine de mètres de cette cimenterie. Il nous raconte sa mésaventure.
C’est un « weekend well spent » comme aiment le dire nos voisins anglophones. Découvrir les eaux thermales près de la rivière Ruhwa, prendre l’air au lac Dogodogo, déguster les bonnes brochettes de chèvres à Buganda, finir la journée en beauté, bercé par la brume vespérale de la Rusizi qui enveloppe la localité, une bonne bière bien fraîche à la main, sous les sourires candides des « Cibitokoises » (entendez les sublimes filles de Cibitoke), c’est ce qu’on appelle la belle vie.
Cibitoke envoûte, Cibitoke séduit, Cibitoke vit. Bien que je n’y connaisse pas grand monde, l’hospitalité des gens du coin me fait chaud au cœur : ici, tout le monde connait tout le monde, tout le monde salue tout le monde et, très important, tout le monde trinque avec tout le monde jusqu’aux heures avancées de la nuit.
La langue légèrement pâteuse, j’informe mes nouveaux copains, plus ou moins éméchés eux aussi, qu’il est temps que j’aille me trouver un hôtel pour dormir. Immédiatement, une phrase m’arrache des vapeurs corruptrices de Bacchus pour : « Les hôtels ne sont pas très nombreux par ici », me lance négligemment un gars près de moi. Et il a le culot d’ajouter, la bouche pleine de mousse d’Amstel : « Il faut te trouver une chambre le plus tôt possible sinon tu risques de la passer blanche au comptoir ». Petite précision : il est minuit ! Coup de chance, un autre pote, moins ivre celui-là, me trouve un hôtel, après quelques coups de fil, près de chez lui.
Il est presque 00h30 quand nous « levons la séance ». Les routes sont désertes, les quelques lampadaires à l’extérieur des maisons nous servent de guide vers le Bellavista Hotel. Un endroit plutôt calme, un accueil chaleureux et des chambres spacieuses. Fatigué, la tête tourbillonnant, je me laisse choir sur mon lit, espérant tomber instantanément dans les bras de Morphée, ce qu’on appelle « la mort subite » dans le jargon des soulards.
Avec le vrombissement des moteurs, plus de ‘’mort subite’’ en perspective
Dans ce petit quartier, au milieu des habitations où est installé Buceco, les vrombissements des moteurs couvrent tous les bruits. Vite, Morphée s’enfuit sous le bruit infernal qui remplit de plus en plus ma tête. L’éventualité d’une « mort subite » s’éloigne rapidement. En deux temps, trois mouvements, je retrouve illico le maître d’Hôtel qui m’informe que c’est la société Buceco et ses moteurs concasseurs qui sont l’objet de mon malheur. Travaillant jour et nuit, cette cimenterie ne donne aucun répit aux voisins.
Pour essayer de trouver sommeil, j’opte pour la musique. Casque aux oreilles, le bruit est toujours là, lancinant. Je sens même des vibrations. On dirait que je me trouve sur une machine compacteur. Plus de trois heures passent, toujours pas moyen de fermer l’œil. Découragé, éreinté, les yeux rougis, c’est vers 5h du matin qu’un court et léger sommeil me surprend. Au réveil, le bruit est toujours présent, mais il est couvert par le brouhaha de la vie diurne.
Pendant tout ce temps de bruyante torture, je ne cessais de me demander comment les habitants de ce patelin parviennent à vivre avec ce bruit omniprésent, depuis 7 longues années que Buceco est là ! Cette résilience/résignation a fini par lessiver toute volonté de révolte : « Nous sommes déjà habitués à ces vrombissements, même si nous craignons à la longue des conséquences sur notre santé. », me dira le lendemain un des habitants à qui j’ai raconté mon calvaire.
Prions pour une délocalisation rapide
C’est vers 13h que j’ai quitté le centre de Cibitoke. A travers la vitrine de la voiture, j’ai tristement regardé cette fumée dense et noirâtre que dégage Buceco. J’ai eu de la peine pour ces enfants qui agitent innocemment leurs mains à tous les automobilistes en guise de salutation et de bienveillance. Une question ne cesse de torturer mon esprit et m’a poussée à écrire ce billet : quel sera l’impact de tout cela sur leur santé ? J’ai eu l’agréable surprise en faisant quelques recherches. Le ministre ayant l’environnement dans ses attributions envisage la délocalisation de la Buceco. En attendant, les touristes vont devoir se réveiller avec une tête bourdonnante pendant encore quelque temps. Quant aux voisins, prions pour eux et pour une délocalisation rapide de cette usine. Pendant que j’y suis, n’aurais-je pas mieux fait de passer ma nuit au comptoir du bar ?? Mon cœur balance !
« …Dans ce petit quartier, au milieu des habitations où est installé Buceco, les vrombissements des moteurs couvrent tous les bruits…
…je ne cessais de me demander comment les habitants de ce patelin parviennent à vivre avec ce bruit omniprésent, depuis 7 longues années que Buceco est là !
…j’ai tristement regardé cette fumée dense et noirâtre que dégage Buceco.
…Le ministre ayant l’environnement dans ses attributions envisage la délocalisation de la Buceco… »
None iryo hinguriro ryashitse gute muri Cibitoke? Nta ndongozi z’igihugu n’iz’intara zabanje kwemera ko rwubakwa aho ruri?
None ubu Buceco izohabwa umuzibukiro wa leta (UVUYE MU MAKORI Y’ABANYAGIHUGU) kugira ngo yimuke ireke kwica abanyagihugu bacu bayegereye?