Le président de la république vient de rentrer d’une visite de deux jours du Kenya. Au-delà de cette visite, que peut-on savoir sur les relations entre les deux pays ? Eclairage.
Selon le communiqué de la State House, le président burundais et la première Dame sont les invités d’honneur à la célébration du Madaraka day. De un, ce label « invité d’honneur » a été estampillé sur presque toutes les visites d’Etat entre le Burundi et le Kenya, durant ces dix dernières années. La dernière visite d’Etat d’un président burundais au Kenya remontait au 12 décembre 2013 lorsque le président Pierre Nkurunziza assistait au cinquantenaire de l’indépendance du Kenya, comme invité d’honneur. Réciproquement, au 1er juillet 2012 lors de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Burundi, le président Mwai Kibaki était venu au Burundi pour une visite d’Etat, là aussi comme invité d’honneur. Idem le 1er juillet 2013 avec la dernière visite du président Kenyatta au Burundi. La visite d’Etat qui allait faire l’exception, comme pour confirmer la règle, était celle d’Uhuru Kenyatta en octobre 2019, mais celle-ci a été reportée sine die.
Kenya, un partenaire commercial solide
De deux, le Burundi et le Kenya sont de vrais partenaires commerciaux. Sauf que, et ce ne sont pas les chiffres qui vont nous contredire, la balance commerciale est plus en faveur du Kenya. Pour les exportations du Burundi vers les pays de l’EAC au 2ème trimestre 2019, le Kenya a acheté 3,2% de nos exportations alors que les produits en provenance du Kenya représentaient 37,4% de nos importations en provenance de l’EAC. Au 2ème trimestre 2020, le Kenya a consommé 5,8% de nos importations alors que 31,2% des produits de l’EAC consommés au Burundi venaient du Kenya.
Même si dans cette situation, se plaindre serait compréhensible, le Burundi doit son désenclavement au Kenya via le port de Mombassa, où transitent les marchandises à destination de Bujumbura. Et d’ailleurs, une nouvelle route de liaison liant le port de Mombasa et Bujumbura vient d’être achevée.
Kenya, un soutien politique indéfectible
De trois, le Kenya a toujours été un ami pour le Burundi. Au cours de la crise politique de 2015, le Kenya a toujours voté, soit en faveur du Burundi, soit par l’abstention, au cours des résolutions du conseil de sécurité des Nations Unies sur le Burundi. Un avantage que le Burundi aimerait garder, vu que le Kenya est aujourd’hui membre du Conseil de sécurité de l’ONU, et que le président Uhuru Kenyatta est président de l’EAC.
En outre, le gouvernement kenyan a aidé à plusieurs reprises dans le renforcement des capacités des fonctionnaires du gouvernement burundais. Citons aussi des bourses pour des étudiants burundais au frais de l’Autorité portuaire du Kenya, le personnel de l’OBR qui a été formé par la Kenya Revenue Authority, et les forces de défense du Burundi qui suivent des formations à l’Institut militaire du Kenya. Signalons qu’en 1995, au cœur de la guerre civile, le Burundi avait même fait expédier ses chimpanzés au Kenya pour les protéger.
Tout cela témoigne des bonnes relations bilatérales entre le Burundi et le Kenya. Nous pouvons donc compter sur le chef de l’Etat et sur les entrepreneurs qui l’ont accompagné pour rendre la relation plus bénéfique. Puissions-nous voir des entreprises burundaises s’implanter au Kenya, comme c’est le cas pour les sociétés kényanes comme KCB, Diamond Trust Bank, Kenya Airways et Jubilee Insurance qui opèrent au Burundi.