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Muha: la condition des jeunes et des femmes en question

Les femmes et les jeunes constituent une grande partie de la population burundaise. Le développement du pays dépend en grande partie d’eux. Culture, prédispositions biologiques, dans la commune Muha de la mairie de Bujumbura, tradition et modernité cohabitent, avec tout de même un certain intérêt pour l’évolution de certaines positions conservatrices. 

La femme et le jeune sont avant tout les fruits de ce que la société a construit à leur égard pendant des années. D’où la sempiternelle cause souvent brandie comme frein à l’émancipation de la femme, à savoir la culture burundaise. 

Il est effectivement question de culture dans la participation de la jeune fille dans certains pans de la vie des communautés. Ferdinand Nahabandi, chef de quartier Nyabugete, dans la commune Muha, donne l’exemple des rondes nocturnes. « Ce sont toujours des garçons qui font cela. Vous vous imaginez ce que penseraient les parents qui te verraient venir prendre leur fille la nuit en disant qu’elle va faire une ronde ? »

Cela ne semble pas choquée Yvonne, agent au centre de développement familial et communautaire de Muha. Pour elle, « c’est normal qu’il y ait des travaux pour femmes et d’autres pour hommes. C’est la complémentarité », avance-t-elle tout en nuançant son propos : « Mais cela ne veut pas dire qu’une femme qui excelle dans tel ou tel autre domaine perçu comme étant un pré carré masculin doit être systématiquement discriminée. »

En finir avec la victimisation.

Les barrières qui ont longtemps entravé l’émancipation des jeunes et des femmes ont instauré une forme de victimisation systématique. Face par exemple au narratif que la femme doit rester umunarugo, umuzezwanzu, la gardienne du foyer qui doit s’éclipser de l’espace public, elle a fait sienne la véracité de cette rhétorique. Ce qui fait dire au chef de quartier Nyabugete que « les femmes peuvent être leurs propres freins sans le savoir et se discriminer elles-mêmes. Une donne qu’elles doivent changer pour participer activement à leur émancipation».

Même son de cloche chez les jeunes. Cette fois-ci sur le volet entrepreneurial. Chadrack Munezero est un jeune homme dans la vingtaine qui vient de terminer ses études secondaires. Il fustige « une certaine zone de confort carburant à la victimisation dans laquelle les jeunes languissent. »

Le jeune homme donne l’exemple du discours fataliste du genre « rien ne va plus » qui gagne du terrain. Quand l’entrepreneuriat est présenté comme une voie de sortie, Chadrack s’étonne que beaucoup de jeunes ne tentent pas la chance, arguant que les taxes les freinent. « Faux », affirme-t-il. « Seules ceux qui possèdent des NIF et des cahiers de charges payent des impôts conséquents. Les jeunes peuvent se créer de petites affaires et être autonomes. Il faut qu’ils sachent que la balle est dans leur camp et entreprendre au lieu de se laisser manipulés naïvement par des politiques. »

Il nous paraît intéressant de noter que les voix du changement commencent à  résonner. La femme qui arpente une charpente pour faire office de maçon ne choque plus. Les jeunes se regroupent en associations et coopératives pour en finir avec l’oisiveté. Un mouvement qui ne saurait qu’être salvateur sur le long terme. 

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet EEYP – Economic Empowerment of Youth towards Peacebuilding and Crisis  Prevention in Burundi  soutenu  par  IFA  & GFFO et exécuté par WAR CHILD  et  AJEBUDI-YAGA

 

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