En marge de la célébration de la journée mondiale dédiée aux droits de la femme, des femmes leaders animaient ce lundi 8 mars 2021 une conférence-débat sur la part de la femme vers un futur égalitaire à l’Institut Français de Bujumbura. Des femmes qui ont des parcours différents, avec des expériences à partager aux nouvelles générations.
Après les provinces de Ngozi et Gitega, la caravane des femmes leaders posait ses valises à Bujumbura. Avant le début de la conférence, Esther Loeffen, cheffe de coopération à l’ambassade des Pays-Bas annonce une innovation : « Dans le projet de l’inclusion de la femme rurale, 150 groupes de femmes sont en train de suivre instantanément la conférence sur leurs tablettes en utilisant le Live Stream, le Restream et une traduction en Kirundi, une première ». Grâce au financement des royaumes des Pays-Bas et la Belgique, ces femmes rurales habituellement « non connectées » ont pu interagir avec les panelistes de la conférence et participer à un débat les concernant directement. S’en est suivi le discours de l’ambassadeur de l’Union Européenne : « La femme est l’avenir de l’homme… Nous devons être tous des féministes », lance Claude Bochu. Un message accueilli avec les applaudissements d’un parterre de participants. Les dés jetés, cinq femmes racontent leurs idées, leurs parcours et les embûches pour arriver là où elles sont actuellement. De l’ingénierie à l’entrepreneuriat en passant par l’écriture, pour ne citer que cela, ces femmes battantes partagent des points communs : des premiers pas balbutiants, le manque d’encouragement, un avenir incertain, etc. Malgré tous ces obstacles, elles ont pu casser les stéréotypes et ont pu se hisser au-devant de la scène.
Une question autour du « leadership féminin »
« Le leadership c’est cette capacité d’influencer les autres pour atteindre un but commun », expliquera Ange Muyubira, CEO de « Kaz’Ozah Art », une entreprise de promotion des œuvres d’arts fabriquées à partir une matière première locale. Et quand vient le moment d’être leader étant une femme, la vision prend une autre dimension. « Devenir leader dans un monde masculin est un lourd fardeau à porter. Il faut bosser trois fois plus que les hommes pour se faire accepter », confie Ir Jeannette Kaneza, une jeune fille à la tête d’une association des « Femmes Ingénieures Actives pour le Développement Inclusif » (FIADI).
La culture, un obstacle majeur à l’émancipation de la femme
Pour Perpétue Miganda, auteure de « Trésors du Burundi ancestral », la culture burundaise a créée depuis longtemps des expressions qui mettent la femme dans une situation de soumission. « Selon les milieux et les valeurs inculquées, la femme ne voit souvent contrainte d’être subordonnée à l’homme. Quand on n’a même pas le droit de rehausser le ton devant les hommes, devenir leader devient impossible », souligne-t-elle. Quant à Solange Nisabwe, présidente de l’Association Burundaise pour la Promotion des Droits des Femmes Handicapées, être à la fois femme et vivre avec un handicap est un supplice. « La culture burundaise met déjà la femme au second rang. Imaginez alors être une femme avec un handicap. Certaines familles doivent cacher une fille vivant avec un handicap pour ne pas subir les moqueries de la société », dit-elle. Au-delà de cette culture discriminatoire, Spès Nihangaza, fondatrice de « FVS-Amie des enfants » y voit aussi une auto discrimination. « C’est rare que les femmes se soutiennent entre-elles. Vous verrez souvent des hommes à la tête des associations féminines », déclare-t-elle.
Une lueur d’espoir
Les femmes leaders, malgré les combats menés pour devenir ce qu’elles sont, appellent leurs consœurs à ne jamais sous-estimer leurs idées, à faire des recherches pour élargir leurs horizons et à travailler assidûment. « A force de patience et de persévérance, on y arrive toujours », affirme Mme Muyubira. Et Jeannette Kaneza lance un message aux autres femmes de vaincre la peur et de suivre leurs rêves tout en soulignant que « la femme vit dans ce monde et elle doit faire partie de l’avenir de ce même monde ». Dans la construction du pays, Perpétue Miganda appellent les femmes à mettre l’accent sur la complémentarité, le respect mutuel entre l’homme et la femme et l’égalité des chances devant les opportunités.
Ohhh tres bien et aussi les femmes sont capables