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Burundi : quelle interprétation donner aux prévisions de croissance pour 2021 ?

Selon les projections de la Banque mondiale, le Burundi pourrait enregistrer un taux de croissance de 2 % en 2021. Pour certains,  c’est un taux record depuis 2015. Pour d’autres, presque tous les moteurs de croissance sont en panne car, le plan décennal, PND (Plan National de Développement) prévoit un taux de croissance annuelle moyenne de 8,5%.

Selon les récentes projetions de la Banque mondiale, notre économie est classée 41e sur 48 pays de l’Afrique sub-saharienne et avant-dernier de l’EAC. Le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie sont classés parmi les dix premières économies de l’Afrique sub-saharienne. Selon les mêmes prévisions, ils devraient enregistrer une croissance de la production de plus de 5%.  L’Ouganda occupe la 4ème  place au classement de la zone EAC, avec un taux de croissance de 2,8%. Le sud Soudan, le cadet de la communauté Est africaine se trouve à la queue du peloton. Il est le dernier du classement et sa production devrait chuter de 3,4%. 

Depuis l’année dernière, le Burundi a vu sa production intérieure stagner. Il était de 0,3%. Ce qui prouve que la quasi-totalité des moteurs de croissance est en panne. 

De 8,5% à 1, 3% : une croissance annuelle au ralenti

D’après toujours les projetions de l’institution de Bretton Woods, la production sera meilleure que celle des trois dernière années. Elle est passée de 1,6% en 2018 à 2% en 2021. Cependant, cet indicateur reflète le ralentissement de l’économie burundaise. 

Pour preuve, faisons une petite évaluation à mi-parcours du Plan National de Développement lancé en 2018 pour une période de dix ans. La trajectoire annoncée par le gouvernement, il y a trois ans, semble bel et bien caduque. Alors que l’Exécutif avait prévu une croissance annuelle moyenne de 8,5% dans ce plan décennal, ces trois dernières années affichent des mauvaises performances. Le taux de croissance économique moyenne annuelle est de 1,3 %. A ce stade déjà, plusieurs questions se posent. Les objectifs de croissance fixés sont-ils vraiment réalistes? L’Exécutif s’est-t-il bien préparé financièrement pour lancer ce grand projet ? 

Faible taux d’investissement

La faible augmentation de la production nationale est causée en grande partie par le faible taux d’investissement.  Par exemple, le budget du plan décennal est estimé à plus de 20.384,5 milliards de BIF. Pour réaliser ce chantier, l’Etat doit utiliser plus de 2.000 milliards de BIF par an. Or, depuis 2018, le budget national oscille autour de 1 400 et 1500 milliards de BIF. Cela explique pourquoi, il y a un faible taux de mobilisation des ressources pour ce projet.

Pénurie des devises

Le Burundi ne peut pas financer toutes ses activités depuis plusieurs années. Il comptait sur l’appui des bailleurs de fonds. Mais depuis 2015, la plupart des principaux bailleurs de fonds dont l’union européenne ont suspendu leurs appuis financiers et techniques. Ce qui, d’une manière ou d’une autre, a déstabilisé  l’économie nationale. Dès lors, le pays compte sur les impôts et les taxes.

La pénurie des devises que le pays connaît freine les importations. Pour rappel, notre pays dépend fortement des importations. L’année dernière, le stock de devises a battu un nouveau record. Il était à un niveau critique jamais atteint depuis longtemps. De 2014 jusqu’en 2020, les réserves en devises ont fondu de plus de trois quarts, passant  de 317, 3 à 73 millions de dollars américains.

La covid-19, un drame sanitaire mais aussi économique

Depuis l’année dernière, la pandémie du covid-19 secoue fortement l’économie burundaise. Le taux d’inflation s’est accru au premier trimestre 2020, et s’est établi à 6,6% alors qu’il était de -3,6% au trimestre correspondant de 2019. Cette pandémie a aussi touché les industries burundaises. La production, de façon globale, a diminué de 8,2% par rapport au premier trimestre de 2019. 

En 2020, il y a eu un décalage entre les importations et les exportations. Le gap a continué de se creuser. Pour payer la facture d’importations, Gitega était obligé de puiser dans les réserves de change l’équivalent de 385.663,4 millions BIF. La chute des exportations a principalement affectée le café avec une diminution de 66%, 100% pour l’or et pour les minerais 34,6%.  Bref, les devises tirées des exportations ne financent que 10,9% des importations. 

Pour inverser la tendance, le Burundi devrait d’abord développer le secteur industriel et ainsi profiter du potentiel de son marché intérieur. En outre, il faut exploiter avec transparence le secteur minier pouvant apporter des devises. Enfin, le Burundi doit assainir le climat des affaires pour attirer des investissements directs étrangers.

 

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Les commentaires récents (3)

    1. @Jean
      Vous pouvez telecharger le rapport de la Banque mondiale (January 2021. Global economic prospects) et voir les chiffres sur le Burundi dans le tableau de la page 108.

      Angola -2.0 -0.9 -4.0 0.9 3.5 0.0 -2.2
      Benin 6.7 6.9 2.0 5.0 6.5 -1.2 -1.0
      Botswana 4.5 3.0 -9.1 5.7 4.0 0.0 1.5
      Burkina Faso 6.8 5.7 -2.0 2.4 4.7 -4.0 -3.4
      Burundi 1.6 1.8 0.3 2.0 2.5 -0.7 -0.3

  1. 1. Ibi vy’intonde z’ibihugu/classement binyibukije ingene tuciga mu mashure y’intango (ecole primaire) abavyeyi batakunda kuza kw’ishule kiretse baje gusomerwa amanota y’abana babo. BUMVA KO ARI IGIKORWA GIHAMBAYE KU BAVYEYI.
    Lero Furera (congregation des Freres de la misericorde) yaca mu birasi vyose akurikiwe n’isinzi ry’abantu.
    Ko yatangurira ku munyeshule wa nyuma, aho uri warasaba uti: « Mana ndagusavye Furera ntahamagare izina ryanje ubu. »
    Abaje ku ruwo muhango basubiye ku gasozi iwabo baravugana bati umwana wa naka uno mwaka yaronse ikibanza iki n’iki.
    Nta mwana canke umuvyeyi yoshoboye kubesha ngo habonetse amanota aya n’aya kandi atarivyo.
    L’un des meilleurs souvenirs de mon enfance n’uko data amvyara yaca ancisha mw’isoko akangurira ibiyoba bikaranze n’ibindi vyokurya kuko naba nabaye uwambere canke uwakabiri.
    2. Kandi jewe ndiyumvira ko uburundi bwacu butoja muri iki kibanza kidateye igomwe na gato kuko umuganwa Rudoviko Rwagasore ariwe incungu y’ukwikukira k’uburundi yadusigiye igipimo/mesure standard ati:
    « Vous nous jugerez sur nos actes et votre fierte sera notre fierte. »