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Importation du carburant : monopole ou pas ?

Depuis quelques années, il s’observe des pénuries récurrentes de carburant. D’aucuns pensent que ces pénuries seraient la conséquence du monopole qui règne dans ce secteur. Ce n’est pas l’avis du ministère d’Energie qui affirme que l’importation du carburant est libéralisée. Six sociétés importent les produits pétroliers, et les portes sont ouvertes pour tout entrepreneur qui voudrait investir dans ce commerce. Mais où réside le problème alors ?

Le spectre de la pénurie s’éloigne. Dans la ville de Bujumbura, les automobilistes remplissent de nouveau les réservoirs de leurs voitures sans problème ces derniers jours. Il n’y a plus de bousculade aux abords des stations-service.  A la fin du mois d’août, les files d’attente des véhicules devant les stations-services créaient des embouteillages sur plusieurs axes routiers perturbant sérieusement la circulation.

Un monopole de fait ? 

Sous couvert d’anonymat, un importateur de carburant explique que la récente pénurie a été déclenchée par la frustration de certains importateurs. Motif : la distribution inéquitable des devises. 

D’après cette même source, le monopole de l’importation du carburant est la principale cause de la pénurie. Il paraitrait que depuis quelques années, le secteur de commerce du carburant n’est pas libéralisé. Un seul pétrolier jouirait d’un monopole de fait. Selon les chiffres fournis par notre source, au premier trimestre 2021, les six sociétés importatrices du carburant ont bénéficié de 13 100 000 USD de la part de l’Etat. L’Interpetrol vient en tête avec 10 millions de dollars américains, soit plus de 76 % des devises destinés à l’importation du carburant. Delta occupe la deuxième position avec 1 million USD. BUPP, YOC, MOGAS ET NOC ont respectivement reçu 800 mille, 500 mille, 450 mille et 350 mille USD. 

«Vous comprenez que la pénurie peut survenir à tout moment lorsque le principal importateur rencontre un problème d’approvisionnement ou s’il décide de négocier certains avantages auprès de l’autorité de régulation », fait remarquer notre pétrolier. 

L’Etat n’accorde pas des devises, mais… 

Face à ces inquiétudes, Léonidas Sindayiga, porte-parole du ministère de l’Energie et des Mines se montre rassurant. « La quantité de carburant disponible est suffisante dans le pays. Chaque mois, le Burundi consomme environ 20 millions de litres de carburant par mois. »

Il tient à souligner que la récente pénurie a été causée par des défaillances dans le circuit d’approvisionnement des stations-service. Selon lui, l’importation du carburant est libéralisée. Il fait savoir que six sociétés possèdent la licence d’importation du carburant : INTERPETROL, DELTA, BUPP, YOC, MOGAS ET NOC. « Les portes sont ouvertes pour tout entrepreneur qui voudrait importer le carburant », précise Leonidas Sindayiga. A condition, bien entendu, de remplir les conditions requises, notamment les moyens financiers et les équipements.

Encore que l’Etat n’accorde pas aux importateurs des devises. Plutôt, il leur accorde des devises en échange de leur enveloppe de BIF allouée à l’importation du carburant.

Il est important de préciser que les importateurs bénéficient des devises en fonction de leur capacité d’importation et au prorata de leurs entrées de carburant. 

A propos de la hausse du prix du carburant sur le marché international, le porte-parole fait savoir que l’Etat a pris des mesures appropriées pour maintenir stable le prix du carburant à la pompe. « L’Etat a abandonné certaines taxes et a diminué d’autres sur le litre du carburant. N’eut été cette décision, le prix du carburant à la pompe dépasserait les 2600 BIF».

Quid de la structuration du prix du carburant ? 

La nouvelle structure du prix du pétrole et des produits pétroliers sortie le 30 juin dernier, montre effectivement que le prix du carburant a augmenté sur le marché international. Un litre d’essence super arrive désormais à l’Eldoret (Kenya) ou à Dar-Es-Salaam à 0,56 USD alors que son prix était de 0,4 USD en octobre 2020, soit une hausse de 40%. Quant au prix de revient de l’essence super il est de 1894,3 BIF contre 1625,4 BIF en 2020. Mais le prix à la pompe reste inchangé, c’est-à-dire 2400 BIF le litre. 

Le constat est que l’Etat a sacrifié certaines taxes pour maintenir le prix à la pompe stable. En fait, l’Etat perçoit au moins trois sortes de taxes sur chaque litre de carburant vendu. Il s’agit de la taxe carburant, des droits d’accise et de la TVA. Ce sont les droits d’assise qui ont baissé de 91 BIF le litre. Cette taxe est passée de 246,4 BIF à 155,4 BIF. La taxe carburant est restée inchangée. Elle est toujours fixée à 210 BIF le litre.  

En outre, Gitega a réduit la taxe payée par les automobilistes pour alimenter le Fonds routier. Ledit fonds s’occupe de l’entretien. Cette taxe est passée de 80 BIF le litre à 40 BIF. Soit, une diminution de 50%. 

Enfin, l’Etat a abandonné la taxe servant à financer le fonds stratégique carburant. Depuis octobre 2020, sur chaque litre consommé, l’automobiliste paie une taxe de 194,6 BIF. Au total, l’Etat a sacrifié une taxe de plus 325 BIF par litre d’essence super. 

La marge bénéficiaire a été revue à la baisse. Actuellement, sur chaque litre d’essence, le commerçant de gros y gagne 50 BIF alors que la marge était 90 BIF. Le détaillant a gardé la marge bénéficiaire de 65 BIF le litre.

 

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