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Buganda : « L’absence de guerre ne signifie pas la paix »

« Guhagararira amahoro » (sauvegarder la paix) est un crédo qui revient immanquablement dans les discours des administratifs et Buganda ne fait pas l’exception. Mais quels sont les défis de la paix auxquels fait face cette commune frontalière de la République Démocratique du Congo (RDC) et dans quelle mesure touchent-ils les jeunes ? Un dialogue franc a récemment eu lieu entre les jeunes du coin et un administratif.  Nous vous rapportons ici la teneur des discussions. 

Vols dans les champs, contrebande, sorcellerie (qui aboutissent parfois à l’assassinat des présumés sorcier), cohabitation compliquée des militants des partis politiques, concubinages, mariages illégaux, etc., tels sont les défis que les jeunes ont listé qui minent la paix à Buganda et par conséquent, leur épanouissement. Eux rêvent d’un avenir meilleur mais la réalité est qu’ils doivent composer avec un environnement qui ne les rassure pas. 

Jean de Dieu Niyonkuru, un jeune de 29 ans de Ndava, trouve que la plus grande source d’insécurité qui guète les jeunes de Buganda est sans conteste le chômage. Il explique qu’ : « à cause du chômage les jeunes s’adonnent à la contrebande. Quand ils sont attrapés, on les accuse d’appartenir aux groupes armés qui pullulent en RDC alors que c’est faux ».  

L’autre fait concernant la paix que Niyonkuru soulève concerne les voleurs nocturnes qui font des trous dans les murs des maisons pour dévaliser les honnêtes citoyens.

Embrayant sur ces propos, Dieudonné Nduwimana (24 ans) de Kansega, souligne le fait que les jeunes de Buganda qui se rendent clandestinement  en RDC y vont pour cultiver et faire du commerce et non pas pour troubler la sécurité. Il tient quand même à préciser que depuis que les frontières sont fermées lui ne s’est jamais rendu en RDC, comme quoi deux précautions valent mieux qu’une. 

Les filles aussi conscientes des enjeux de la paix

Ce n’est pas normal que la sécurité soit l’affaire des seules jeunes affiliés au parti au pouvoir. Certes, c’est important que les jeunes apportent leur pierre à la sauvegarde de la paix, mais cela doit concerner les jeunes en provenance de tous les partis politiques, voire ceux qui n’adhèrent à aucun parti politique. Ce sont là les propos de Gaudence Nijimbere (24 ans), une fille très éloquente de Murambi aux idées claires sur la paix. « Les partis passent et se succèdent au pouvoir, mais la paix est pour tous », martèle-t-elle, comme pour convaincre celui qui douterait encore.

 Cette jeune femme qui n’est visiblement pas une adepte de la langue de bois s’étonne que malgré cette paix servie à toutes les sauces, les jeunes militants des partis politiques se regardent en chiens de faïence et parfois se chamaillent. Heureusement que les autorités locales sont là pour calmer, temporise-t-elle. Souvent, explique-t-elle, un jeune du CNL qui porte une chemise de son parti se fait agresser par les jeunes du parti au pouvoir. Et d’appeler les Chef des collines à traiter tous les jeunes sur le même pied d’égalité, indépendamment de leur appartenance politique. Elle suggère même que les habits des partis politiques soient bannis lors des rondes car selon elle, c’est parce que la plus part des jeunes qui font ces rondes portent les habits du parti au pouvoir que les autres jeunes n’y vont pas.  

Il y a un autre problème qui menace la paix et la tranquillité  que Gaudence n’a pas oublié de mentionner. Les grossesses non désirées constituent aussi une source d’insécurité dans la mesure où les familles s’écharpent quand la fille tombe enceinte et que le garçon ne prend pas ses responsabilités. Et de demander à l’administration de consolider la paix dans les familles en punissant les hommes qui abandonnent leurs compagnes. 

Pas de développement sans paix

Les inconvénients de la proximité avec le pays voisin, les administratifs en savent quelque chose. Ceux qui partent sont parfois pris en otages par les groupent armés qui écument l’est de la RDC. Et de préciser que les autorités congolaises leurs remettent parfois des Burundais en situation irrégulière et inversement. Malheureusement, il y en a qui traversent la Rusizi à la nage ou en pirogue pour aller travailler en RDC ou se rendre dans les camps de refugiés pour profiter de l’aide humanitaire. Ce sont ceux là qui peuvent être tués par les groupes armés ou tout simplement se noyer dans la Rusizi. A tous, Alexis Sibomana, Secrétaire Exécutif Permanent de la commune Buganda lance un appel pressant: « Passez toujours par la voie légale pour se rendre en RDC, cela pour éviter d’avoir des problèmes »

Quant à la cohabitation mouvementée des jeunes militants des différents partis politiques, il leur rappelle qu’après les élections la vie continue. « Inutile de vous écharper, ça ne sert à rien ». Il insiste sur ce point en utilisant un proverbe rundi bien connu, « Inkuba ikubise ntugire ngo mara abansi, n’abakunzi irajaniranya ». Cela pour souligner la nécessité d’intégrer toutes les composantes de la société (quelque soit l’appartenance politique) dans les comités mixtes de sécurité afin d’amener les jeunes à travailler ensemble pour le bien commun. Car selon lui, pas de développement sans paix.   

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet EEYP – Economic Empowerment of Youth towards Peacebuilding and Crisis  Prevention in Burundi  soutenu  par  IFA  & GFFO et exécuté par WAR CHILD  et  AJEBUDI-YAGA

 

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