article comment count is: 0

Attaques à la grenade : parole de rescapés

Hier, la ville de Bujumbura a basculé dans l’horreur. Alors que les citadins s’apprêtaient à regagner leurs foyers après une journée de dur labeur, une violence inouïe s’est abattue sur eux. Des malfaiteurs ont lancé des grenades sur certains parkings de la capitale économique. Ceux qui en sont sortis indemne nous racontent comment ils ont vécu ces moments fatidiques.    

Comme chaque soir, John, un jeune homme âgé d’une trentaine d’années habitant la zone Kanyosha, quitte son lieu de travail au centre-ville pour aller prendre le bus au parking de Musaga. Il est 19h. Ce dernier  doit emprunter l’avenue du marché passant entre l’ex-marché central et le restaurant Plazza. Juste à l’entrée de la Régie Nationale des Postes, une forte détonation déchire la nuit. « Je suis tombé. Des gens courant dans  tous les sens m’ont piétiné. Je me suis débattu pour me relever », raconte-t-il

Et d’enchaîner : «J’ai regardé derrière moi, c’était une panique générale,  comme dans les films d’horreur. Des gens hurlaient sans savoir ce qui se passait.»

Traumatisé, ce jeune homme fait demi-tour en titubant. Des personnes le percutent dans leur fuite. Il se dirige vers la station communément appelée chez Katikati. L’embouteillage monstre qu’il rencontre l’empêche de traverser l’avenue Patrice Lumumba. John n’a d’autres choix que de se faufiler entre les voitures, car une autre explosion peut avoir lieu, pense-t-il. Enfin, après quelques minutes, il regagne la RN3. « Je n’avais pas assez d’argent pour prendre le taxi. J’ai donc décidé de rentrer à pied.»

Lorsque John arrive au campus Kinindo de l’université Lumière, il se rappelle que sa petite sœur l’attend au parking des bus de Musaga au centre-ville. Il cherche son téléphone pour l’appeler. Hélas, il constate qu’il n’a plus de téléphone. Et l’angoisse commence. Il ne peut pas rentrer sans sa petite sœur. Retourner en ville est très dangereux. Malgré lui, il continue son chemin. Épuisé, il arrive à la maison à 21h. Après une heure d’attente et d’angoisse, heureuse surprise : sa petite sœur arrive à la maison saine et sauve.

Le sauve-qui-peut à l’arrêt-bus de « Permanence »

Nathalie, une jeune vendeuse de cartes de recharge était dans un kiosque près de la 2ème avenue du quartier Bwiza. Comme à l’accoutumée, elle allait fermer son échoppe vers 18h pour ensuite aller faire la queue avec d’autres passagers qui rentraient vers les quartiers nord de Bujumbura. 

Mais, elle fut retardée par un ancien camarade de classe, le temps d’une ou deux blagues. Son ami tripotait son téléphone, quand il tomba sur la mauvaise nouvelle : il y aurait eu un attentat à la grenade au centre-ville. « J’ai aussitôt rangé mes affaires et j’ai fermé mon échoppe pour aller prendre le bus », raconte-t-elle.

Sauf que l’horreur frappait justement l’endroit où elle se rendait pour prendre le bus. « Sur fond du bruit des moteurs des bus, une forte explosion a fait sursauter tout le monde. Les uns croyaient d’abord à l’éclatement d’un pneu, mais une fumée noirâtre se dégageait de l’endroit où était tombée la grenade. Immédiatement, ceux qui faisaient la queue couraient dans tous les sens, beaucoup d’entre eux traversant le boulevard du Peuple Murundi vers Buyenzi. Moi qui venais d’apprendre ce qui se passait au centre-ville, j’ai pris mes jambes à mon cou vers le quartier Bwiza », poursuit la jeune demoiselle. 

La suite, c’est Omar, chauffeur de taxi qui était garé à la sixième avenue qui la relate. « Quand j’ai entendu la détonation, j’ai démarré mon taxi pour aller voir ce qui venait de se passer. Quand je suis arrivé près des bureaux de la poste Buyenzi, les gens couraient dans tous les sens. Des femmes criaient au secours. Deux minutes après, on embarquait dans mon taxi deux blessées. Un jeune homme dans la trentaine et un autre garçon en uniforme scolaire pour les évacuer à l’hôpital Prince Régent Charles. Sans rien demander, j’ai démarré et je les ai déposés à l’hôpital pour ensuite revenir à l’arrêt-bus, histoire de voir s’il n’y a personne d’autre à aider », enchaine-t-il. Arrivé sur les lieux, Omar n’a constaté que le désordre qui y régnait. Les bus vides filaient à vive allure. Les gens fuyaient, laissant leurs biens sur place. D’autres criaient pour essayer de trouver du secours pour les blessés. « D’autres taximen ont aidé pour l’évacuation d’autres blessés », poursuit-il. Vers 21 heures, Omar  apprendra que plus d’une dizaine de personnes ont été touchée par la déflagration et que ceux qui faisaient la queue mais qui n’ont pas été touchés sont rentrés à pieds.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion