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Rumonge : « Art of Life », symbiose entre les jeunes handicapés et les autres

Ce n’est pas toujours facile pour les enfants vivant avec un handicap de s’adapter et travailler ensemble avec les autres enfants. A Rumonge, un centre a réussi à regrouper les jeunes dans leur différence physique afin de développer ensemble leurs talents. 

Nous sommes au quartier Kanyenkoko du centre urbain de Rumonge. Un centre d’apprentissage des métiers « Art of Life » a été créé grâce à Danny Bindariye, lui aussi vivant avec un handicap. A l’intérieur, un groupe de filles s’active à faire la couture. Une jeune fille, sourire aux lèvres, nous accueille chaleureusement. « Bienvenue à l’Association pour le Développement des personnes vivant avec un Handicap », lance-t-elle. Elle, c’est Rahma Gateka, 20 ans. Elle n’est pas handicapée, mais elle apprend la couture avec les sourds-muets. Un petit paradoxe qu’elle essaie de nous expliquer. « J’ai d’abord appris le langage des signes avec un formateur sourd avant d’entamer la couture. J’avais fréquenté d’autres classes de couture auparavant. Du coup je me suis vite habituée »

A côté des cours de couture qu’elle suit gratuitement, Rahma a aussi gagné la sympathie de ses pairs sourds et a appris tant de choses : « Nous nous entraidons que ce soit pour le métier ou dans la vie courante. Aujourd’hui, je peux par exemple leur servir d’interprète et eux m’expliquent parfois s’il y a quelque chose que je n’ai pas compris », témoigne-t-elle. 

Un centre où règne l’harmonie

Partager les connaissances du métier quand on n’a pas certaines aptitudes physiques n’est pas toujours aisé. Grâce à Rubin Tuyisenge, un interprète âgé de 19 ans qui a consacré son temps au bien-être des sourds depuis 2016, nous parvenons à discuter avec Jacqueline Munezero. Native de la commune Rumonge, elle n’a que 21 ans, mais elle est déjà détentrice d’un diplôme de pédagogie, obtenu dans une école des sourds en République Démocratique du Congo. A son retour au pays, elle a tenté à maintes reprises de trouver un emploi. Mais, à cause de son handicap, elle n’y arrivait pas. Quelques mois plus tard, elle a appris qu’il existait un centre spécialisé dans la localité. Et c’est ainsi qu’elle a intégré « Art of Life »

Jacqueline est fière de la bonne collaboration avec ceux qui n’ont pas de limitations fonctionnelles, ce qui permet aux sourds de se sentir valorisés  et d’exploiter leur potentiel au maximum. « Quand j’ai des difficultés, je demande aisément de l’aide à mes collègues sourds ou pas », explique-t-elle par avec des gestes.

Le métier n’a pas de frontières

Danny Bindariye, l’homme derrière la création de ce centre salue l’harmonie qui y règne. « Cela fait chaud au cœur de voir comment les gens sans limitations fonctionnelles apprennent des métiers avec les autres ayant des aptitudes physiques limitées. Ils ont appris le langage des signes pour aider leurs camarades ». Malgré les efforts fournis et tout ce travail abattu par les jeunes, Bindariye déplore le fait qu’il y a  encore des clients qui doutent de la performance des gens vivant avec un handicap. « C’est aussi vrai que nous manquons du matériel didactique suffisant, mais avec le peu que nous disposons, nous voyons que les apprenants font un travail exceptionnel ». Et de demander aux autorités administratives de leur donner un coup de main en leur permettant d’aller exposer leurs produits dans les différentes foires afin de pouvoir vendre.

 

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