Le leadership féminin passe inexorablement par l’autonomisation de la femme. Cette autonomisation ne doit pas faire fi de la condition féminine. Certains employeurs ne se gênent pas pour suspendre des contrats des femmes qui tombent enceinte ou pour brandir cette menace.
« Vous avez passé avec succès l’interview. Vous êtes retenue, passez au siège pour signer le contrat et autres formalités qui vont avec ». Ce message a été une délivrance pour Belyse. À la sortie de la fac, elle est passée par la case chômage. Comme tant d’autres jeunes, son quotidien était rythmé par les navettes entre différents pourvoyeurs d’emplois pour déposer son dossier.
Le jour J, elle se présente au siège de l’ONG où elle va être embauchée dans l’équipe chargée du monitoring. Tout naturellement, elle est tirée à quatre épingles. Cerise sur le gâteau, ses futurs collègues sont cool. Elle est bien accueillie, de petites blagues innocentes lui font même croire qu’ici l’atmosphère est détendue. Tout ce qu’elle souhaite.
Le moment tant attendu arrive. La signature du contrat. Ses mains sont moites et tremblent un peu. Elle est sur le point d’apposer sa signature quand le monsieur en face lui rappelle « un détail très important ». Elle dépose calmement le stylo. Le sourire ne quitte pas ses lèvres. « Vous voyez madame, commence-t-il d’un ton sérieux, votre travail demande de la disponibilité. Veillez à ne pas tomber enceinte sinon votre contrat sera suspendu ».
Ce retournement de situation, elle ne s’y attendait pas. Le ton du monsieur se veut solennel. Elle acquiesce. Pour piquer la formule à une maxime burundaise, l’heure n’est plus à avoir peur du félin qui est déjà entré, il faut faire face. « Je vais désormais faire plus attention et ne pas concevoir », se dit-elle, résignée.
Et pourtant…
La maternité a une place d’honneur dans le code pénal en vigueur au Burundi. Tout un chapitre est consacré à cette situation et des traitements sont exigés à chaque femme enceinte. Triste ironie alors que l’histoire de Belyse fait cas de figure de ce que vivent plusieurs femmes burundaises.
« Toute femme enceinte dont l’état de santé a été constaté par un médecin peut suspendre le travail sans préavis. À l’occasion de son accouchement, et sans que cette interruption de service puisse être considérée comme une cause de rupture de contrat, toute femme a droit, sur production d’un certificat médical attestant la date présumée de son accouchement, à un congé de maternité », ceci est un extrait de l’article 122 du code du travail burundais.
Et à l’article 123 de stipuler que « la femme en congé de maternité bénéficie à charge de l’employeur, de la moitié du salaire moyen mensuel en espèces au moment de la suspension du travail, ainsi qu’au maintien des avantages en nature s’il en existe. »
Ce salaire revu à la baisse est appelé contre-valeur légale des avantages en nature, vu qu’en réalité la femme en congé de maternité ne travaille pas et ne peut donc être rémunérée à 100%.
Sinon, comme on peut le lire dans l’article 124, « pendant la période d’allaitement, elle a droit, pendant une durée de six mois, à un repos d’une heure par jour. Ces périodes de repos sont rémunérées comme temps de travail. »
Toutes ces dispositions sont coiffées par l’article 125, qui stipule que « l’inspecteur du travail peut requérir l’examen des femmes enceintes par un médecin en vue de vérifier si le travail dont elles sont chargées n’excède pas leurs forces. »
Si la maternité pour les femmes est des plus naturelles, ne pas être acceptée ou encore être renvoyée pour être enceinte, ne serait-ce pas une forme de discrimination ?