Il y a un peu plus d’une semaine, l’universitaire, professeur Julien Nimubona animait une conférence autour de la tolérance. Une ode au vivre ensemble qui, me semble-t-il à ce moment précis, mériterait de trouver écho loin des quatre murs d’un auditoire de l’Université du Burundi.
Loin de moi l’idée de comparer le professeur Julien Nimubona au célèbre nazaréen ou m’affubler de la casquette de prédicateur. En m’examinant, je trouve à quel point elle m’irait -très- mal. Toutefois, si Jésus a lancé aux habitants de son village après qu’il eut passé de près à y laisser ses molaires que nul n’est prophète en son pays, nous pouvons lui faire mentir (ah oui) sur le cas des prophètes de chez nous qui nous appellent à vivre en harmonie. Ce mignon sacrilège ne lui déplairait pas.
L’histoire des élections de notre pays nous a montré que le Murundi n’est pas à l’abri de la tentation de diabolisation de l’Autre. Ceux qui n’étaient pas pour une indépendance immédiate en 1961 ont eu droit aux mélodies pas très sympas qui les traitaient des bapenepene, ibimaramare. 93 nous a donné imporona, bimyamwanira et plus proche récemment, il y’a eu des mujeri et les sindumuja ( « je ne suis pas un lèche-c** » traduction libre), ce qui insinue tacitement qu’il y en a. La liste n’est, malheureusement, pas exhaustive.
Ces mots du Professeur Nimubona m’ont donné comme l’impression qu’il ne prêche pas dans le désert. « […] les représentations imaginaires ou réelles relatives à des enjeux politiques que représentent les élections perçues ou vécues par des élites politiques comme des moments de vie ou de mort matérielle, symbolique ou même physique […]rendent la cruauté de l’homme plus incertaine et plus compliquée à gérer » .
Avec un excès de zèle, certains des sympathisants ne se gênent pas de faire leurs ces représentations. Du moment où un jeune peut utiliser « Nous » en parlant des événements qui se sont passés deux décennies avant sa naissance!
Puisque l’Autre sera toujours là…
Ceux qui connaissent le politiste en question savent l’étendue de sa culture en sciences sociales en général et la science politique en particulier. Inutile de dire à quel point sa communication était aussi une mosaïque de références des grands classiques dans ce domaine. Citant Ernest Renan, il brosse une idée de nation qui devrait nous interpeller. « La Nation ne consiste ni en un territoire, ni en une race, ni en une culture, ni en une langue. La Nation s’enracine dans les différences et se réalise dans une conscience morale consistant en une volonté de vivre ensemble ».
Et nous autres qui allons aider nos candidats à battre campagne sur le terrain et sur la toile, nous ne disons pas que nous formons une Nation ? Nous allons loin pour imager cette fraternité. Nous avons tous été nourris au même sein, Abarundi twonse rimwe, nous avons le même paternel, turi bene umugabo umwe.
Nos aïeux avaient pourtant bien théorisé à leur manière la Nation. Mais nous avons déparé cette fraternité par un dualisme de mauvais goût. Dans sa communication, l’universitaire est revenu sur la notion de pureté de l’identité originelle, « schéma manichéen opposant le bien autour de la pureté originelle du groupe d’appartenance et le mal ». Le mal ou l’Autre.
Puisque l’Autre sera de toutes les façons toujours là, et si nous faisions nôtres ce que dit Pr Nimubona quand il assène que « la pureté originelle est une illusion identitaire qui crée des frontières artificielles de très courte durée qui ne résistent point aux besoins naturels de l’homme » ? Pourquoi pas ne pas partager l’idéal de ce prophète qui clame que la tolérance est « l’un des grands facteurs de la consolidation de la démocratie et de stabilisation des organisations sociales et politiques » ?
« L’ON EST JAMAIS PROPHETE CHEZ SOI » est toujours reste pour moi l’une des meilleures lecons (de la vie) de la part de Mr. Paul R., notre professeur de mathematiques au College Don Bosco (aujourd’hui Lycee de Burengo a Ngozi).
(Les gens n’en reviennent pas quand je leur raconte que j’ai eu le meme prof de maths pendant 6 ans!!!).
« …stabilisations des organisations sociales et politiques ».
Mon commentaire:
« Africa doesn’t need strongmen, it needs STRONG INSTITUTIONS… »
(voir Obama’s speech in Ghana. President addresses the Ghanaian Parliament in Accra, http://www.america.gov/st…, 11 July 2009).
Donc je viens de remarquer que la tolérance est un outil de réconciliation. Et moi aussi je peux ajouter que quand qlq1 tolère il pardonne de l’autre façon. Merci professeur c’était longtemps sans votre intervention si nécessaire et importante.
Merci beaucoup