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Présidence Ndayishimiye : 100 jours après, quel bilan ?

Après le décès inopiné de son prédécesseur, le président Evariste Ndayishimiye prêtait serment anticipativement le 18 juin 2020 au stade Ingoma de Gitega. Depuis, cents jours se sont écoulés. Qu’a-t-il réalisé ? Quel est son style de gouvernance ? Décryptage.

C’est un fait. Même de l’au-delà, le guide suprême du patriotisme inspire toujours le nouveau président. Evariste Ndayishimiye puise pas mal de réflexes ou de gestes dans le style Nkurunziza. Des références à Dieu et aux versets bibliques dans ses discours à l’organisation de croisades d’actions de grâce, en passant par des images du président et de sa famille dans les travaux champêtres, l’esprit du guide se fait toujours sentir.

Lors de son discours d’investiture en 2005 feu Pierre Nkurunziza lançait le slogan : « Dukora dusenga, dusenga dukora ». 15 ans après, il refait surface sous forme d’une nouvelle « trinité républicaine » : Reta mvyeyi, reta nkozi, reta nsenzi.

Dans son cabinet, Ndayishimiye a reconduit plusieurs des collaborateurs de l’ancien président (chef de cabinet, protocole, communication, etc.). A ce stade, l’on croirait que tout a changé pour que rien ne change.

Un point de divergence

Néanmoins, bien que Sogokuru (grand-père, ndlr) fût un guide et un grand visionnaire du parti, son Samuragwa (l’héritier, ndlr) a, quand même fait évoluer les positions sur la pandémie  de la Covid-19. Des observateurs s’accordent pour dire qu’il s’agit-là de la seule divergence entre les deux anciens compères du maquis. 

En effet, « Sogo » estimait que l’air du Burundi étant purifié par la grâce divine, le coronavirus ne pouvait atteindre le Burundi. A son arrivée au pouvoir, Ndayishimiye a fait fi de cette « prophétie ». Sans attendre, il a initié la campagne « Ndakira, Sinandura kandi sinanduza » avec à la clé le dépistage de masse dans tout le pays. Trois mois plus tard, à l’heure du bilan, le ministre de la santé vient de déclarer que la Covid-19 ne constitue plus une pandémie au Burundi.

La Tanzanie plus qu’un voisin

Au cours de son dernier mandat, Pierre Nkurunziza a fait une seule et unique visite éclair en Tanzanie. Pour son premier voyage à l’étranger, le président Ndayishimiye lui aussi a choisi la terre  de son « Baba », John Pombe Magufuli. 

En parlant de relations avec d’autres pays. Les positions contre le voisin du nord n’ont pas changé d’un iota. Tout en refusant une main tendue par Kigali, le numéro un burundais a qualifié sans le citer le voisin du nord d’« hypocrite ». Comme son prédécesseur, il réclame toujours un sommet bilatéral entre les deux pays. Du côté des  fameux « colons », aucune avancée significative non plus. On remarque, certes, une volonté de  renouer le dialogue mais les sanctions contre Gitega sont toujours là.

Un retour  prometteur

Dans son discours d’investiture, le président a appelé tous les réfugiés à regagner la mère patrie. Jusqu’à son accession au pouvoir, les vagues de retour des réfugiés concernaient essentiellement la Tanzanie. Désormais, ceux du camp de Mahama au Rwanda ont rejoint le mouvement. Le 27 août 2020, le premier convoi arrivait sur le poste frontière Nemba-Gasenyi à Kirundo. A son bord, 493 réfugiés burundais qui pour certains venaient de passer cinq ans en exil. Une bonne chose tant que cette dynamique perdure.

Les Cnl toujours dans le collimateur du pouvoir 

Pour les 100 jours du président, les déçus du récent processus électoral dépeignent un bilan largement négatif. « Mais quel est le bilan ? Après trois mois, seulement deux conseils des ministres (c’était avant qu’une troisième se tienne en date du 23 septembre), pas un seul chantier, on est où ? On va où ? », critiquait, dans les colonnes du journal Iwacu, Agathon Rwasa, président du CNL. 

Dans la foulée, il déplorait les arrestations de ses partisans dans certains coins du pays, laissant présager la résurgence des cas d’intolérance politique qui ont marqué la période préélectorale. Il sied de noter que  le président Ndayishimiye n’a nommé aucun ministre issu du CNL dans son gouvernement.

Il est temps qu’il se démarque

La subvention des soins de santé pour les retraités de l’Etat, les boites à suggestions pour le chef de l’Etat sur chaque chef-lieu des communes, telles sont les unes des promesses de campagne qui ont été tenues.Tout en admettant que certaines promesses ne peuvent pas se réaliser en 100 jours. Entre autres, celle de la construction d’avoir au moins un hôpital par commune.

Une des promesses qui avaient encore plu, c’était la lutte contre la corruption. Une certaine ampleur avait été remarquée au début avec l’arrestation des agents de police dont des officiers de police et du corps judiciaire, mais au fil du temps, selon une certaine opinion, une mascarade, une tromperie, tellement la rigueur a duré le temps d’une rosée.   

C’est vrai, une période de 100 jours ne peut pas résumer ce que sera le septennat. Il peut bien commencer et mal finir. Ou vice versa. Cependant, cette période est cruciale pour que le chef de l’Etat impose son propre style de leadership et étende son influence. Face à un pouvoir, les détracteurs, les impatients, les sceptiques et les pessimistes ont toujours existé. Monsieur le Président, prouvez nous qu’ils ont tort.

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Très intéressant l’article.j ‘ai pas beaucoup à y ajouter seulement on est impatient de voir le changement parce avec les arrestations des opposants qui commencent, ça nous rappellent le passé douloureux.courage à Yaga pour votre travail en restant toujours impartial.

  2. Je veux seulement faire une comparaison. Pour marquer le coup des 100 premiers jours chez le vaste pays voisin, le nouveau président a débloqué des centaines de millions de dollars pour surtout réhabiliter les infrastructures publiques. Un très bon début, sans doute. Mais voilà qu’une bonne partie de ces millions a disparu dans les poches des gestionnaires. Les poursuites judiciaires n’ont pas tardé: une des plus illustres personnalités suspectées (très proche du président) est maintenant derrière les barreaux. Le tabou que les grands sont intouchables a été cassé. N’est-ce pas un bon exemple. Pourvu que ça dure!