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Le lac Tanganyika : un bien privé ?

Depuis un certain temps, l’accès à la plage située près du port de Bujumbura est payant. Une injustice pour certains citadins, qui, les week-ends, avaient l’habitude d’aller admirer le lac. Ils dénoncent une privatisation d’un lieu public.

Un samedi après-midi. Non loin de l’hôtel du Lac Tanganyika. La plage est inondée de monde. Elle est aujourd’hui appelée Safi Beach. Des jeunes mariés sont venus nombreux immortaliser leurs journées d’union officielle.

De la bonne musique surtout tanzanienne est lancée. Un MC est sur place. Une piste pour les couples est bien aménagée. C’est par-là que les jeunes mariés, démarches élégantes, sourires aux lèvres, main dans la main sous les applaudissements de leurs parents et amis entrent au rythme d’un morceau de musique de leur convenance. Devant eux, les garçons et filles d’honneur, parrain et marraine bouclent le cortège. Et ce, avant d’arriver au sable du lac, dont une partie est aujourd’hui envahie par les eaux. L’espace est exigu. Mais, pour arriver-là, l’époux doit d’abord toucher dans sa poche. Cinq billets de 10 000BIF.

Là, à l’entrée gardée par un policier et d’autres hommes en civils, on exige un ticket pour y entrer. Il est fixé à 500BIF sans exception que ce soit pour les enfants, les bébés ou les adultes. Et le visiteur ne garde pas le ticket sur lui. « Pas de problèmes. Si tu sors, on ne va pas t’exiger de payer encore une fois. Pas de soucis », rassure un de ces hommes en uniforme.

Mais cette pratique n’est pas appréciée par tout le monde. « Pourquoi me demander de payer alors je viens me détendre au bord du lac ? N’est-ce pas un espace public », se lamente une maman, non loin de là.

Avec ses deux garçons et sa fillette, cette maman du quartier Buyenzi ne comprend pas pourquoi payer : « Le lac est un bien national, régional. Pourquoi privatiser sa plage ? » Elle rappelle que souvent, des habitants de Buyenzi, de Bwiza et d’autres quartiers participent dans le balayage de la plage lors des travaux communautaires. « J’avais prévu 2000BIF pour que mes enfants aillent sur les balançoires. ». Pour elle, l’accès à la plage devrait être gratuit.

Il faut nuancer

Tharcisse Ndayizeye, expert en environnement, affirme qu’après avoir parcouru la législation des pays riverains du lac Tanganyika, il ne trouve nulle part cette exigence d’un ticket pour avoir accès à une plage. Seulement, nuance-t-il, s’il y a un investisseur qui a aménagé le lieu, installé du matériel de loisirs pour les enfants par exemple (balançoires), il peut fixer le prix du ticket d’entrée. « Car lui doit payer quelque chose à l’État. Mais, s’il n’y a rien investi, aménagé, il ne peut pas exiger un ticket pour accéder à la plage du lac. »

Il donne l’exemple des pays d’Afrique Australe où des privés occupent une portion de la plage d’un océan, l’aménagent et font payer le droit d’entrée. De l’argent pouvant être utilisé dans l’entretien des plages.

Mais, de son côté, le ministère ayant l’environnement dans ses attributions est clair. Dans son communiqué du 21 septembre 2020, il recommande à toute personne ayant clôturé le domaine public hydraulique sur le littoral du Lac Tanganyika d’enlever ces clôtures avec ses propres frais dans un délai ne dépassant pas 1 mois. Ce même communiqué suspend aussi l’octroi des certificats de conformité environnementale des travaux qui se réalisent dans le littoral.

Pour le lac Tanganyika, il faut noter que le domaine public hydraulique est de 150 mètres selon l’article 5 du Code de l’eau.

 

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