article comment count is: 0

Journée internationale du travail : n’oublions pas les employés de maison

Le 1er mai,  le Burundi va célébrer la journée internationale du travail. Mais les « travailleurs et travailleuses domestiques »  se disent oubliés. Ils ne bénéficient d’aucun cadre juridique qui les protègent alors qu’ils pratiquent leur métier dans des conditions insoutenables. Témoignages.

Dans la soirée de ce jeudi 26 avril 2020, j’ai surpris une conversation étrange entre deux jeunes femmes. Eu égard à leur discussion, ce  sont des travailleuses de maison communément  appelées  « bonnes ». Au fait, il ne s’agit pas d’une simple causerie. L’une se plaint des mauvaises conditions de travail  alors que  l’autre loue sa patronne.

L’une se lâche : « Ma  patronne me traite toujours de fainéante. Elle se plaint tout le temps que je ne fais pas mes tâches correctement » Mais, poursuit-elle, elle oublie qu’elle ne me paie que 40 000 BIF par mois. En plus, elle me doit quatre mois d’arriérés de salaire. 

Dans son témoignage, elle déplore que chaque fois qu’elle réclame son dû à son employeuse, elle lui répond qu’elle va y réfléchir.  

Par ailleurs, avance cette bonne, la patronne serait ingrate : «J’exerce   toutes sortes de   tâches  ménagères. Je me réveille à 5 h du matin, je nettoie la maison, j’emmène les enfants à l’école et au retour, je  dois aller faire des emplettes au marché avant de passer aux fourneaux, etc. … Mais en dépit de tout cela, ma patronne me gronde à la moindre occasion. »

Pour l’autre, ses conditions de travail sont meilleures par rapport à celles de la première : « Moi je n’ai aucun souci  avec ma patronne. Bien sûr, je n’ai pas le droit de recevoir mes visiteurs chez elle, cependant, j’ai la permission d’aller prier à l’église chaque dimanche. »

Ce témoignage démontre que le Burundi n’offre aucune garantie juridique aux travailleurs et travailleuses domestiques qui pratiquent leur métier dans des conditions insoutenables.  

C’est un fait connu. Les ménages des classes moyennes et supérieures emploient des cuisiniers, des bonnes, des gardiens et autre employés de maison. Jusqu’à maintenant, aucune loi ne les protège et leurs employeurs ne sont soumis à aucune réglementation. 

Les employés travaillent sans protection

L’actuel code du travail, entré en vigueur en 1993, ne couvre pas les travailleurs domestiques. Ces derniers ont donc continué à travailler sans protection : pas de contrats de travail, pas de salaire minimum, pas de repos hebdomadaire ni de congé annuel, encore moins de protection sociale.

Par ailleurs, la convention 189 de l’Organisation internationale du travail sur le travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques est assez claire pour le cas des travailleuses et travailleurs domestiques : le travail domestique est un métier professionnel. Les travailleurs domestiques qui prennent soin des familles et des foyers doivent bénéficier des mêmes droits fondamentaux au travail que les autres travailleurs. Ces droits concernent  : une durée raisonnable de travail, un repos hebdomadaire d’au moins 24 heures consécutives, une limitation des paiements en nature, une information claire sur les termes et conditions d’emploi et le respect des principes et droits fondamentaux au travail, y compris la liberté syndicale et le droit de négociation collective.

Ledit travail peut inclure des tâches telles que le ménage, la cuisine, laver et repasser le linge, prendre soin des enfants ou des personnes âgés ou malades d’une famille, le jardinage, le gardiennage, la conduite de la famille, et même le soin des animaux domestiques. 

Cette convention a été établie en 2011. Malheureusement, le Burundi n’a pas adhéré à cette convention. Par ailleurs, il ne figure pas sur la liste des 25 pays qui ont déjà ratifié cette convention.

Cependant, l’État doit ratifier cette convention pour garantir une protection aux milliers de travailleurs domestiques. L’adhésion ne suffit pas. De surcroît,  il faut une loi spécifique régissant les employés de maison. Ce qui favorisera le respect intégral de leurs droits.

  

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion