article comment count is: 0

« J’ai accepté mon handicap physique, mais ne me le rendez pas un fardeau »

La loi N ̊ 1/03 du 10 janvier 2018 portant promotion et protection des droits des personnes handicapées au Burundi garantit à toute personne handicapée le droit de participer pleinement à la vie politique et économique du pays et l’accès à l’emploi. Cependant, l’accès à l’éducation pour les enfants handicapés constitue un défi que notre société doit relever pour rendre cela possible.

Personne handicapée. Quelle image vous vient à l’esprit en lisant ces deux mots ? Sûrement la personne qui vient souvent mendier sur votre fenêtre quand vous êtes assis confortablement dans le bus après une longue journée sous le soleil de Bujumbura. L’échec de notre société à prendre en compte, à inclure et intégrer certains de ses membres. Voilà l’interprétation que j’accorde à cette scène quasi-quotidienne.

Remy  Ndereyimana, licencié en Droit à l’Université du Burundi et président de l’association Appui à l’initiative des personnes handicapées (AIPH) se considère comme chanceux car il a pu fréquenter, encore enfant, le centre pour handicapés de Kiganda.

L’éducation inclusive, la clé pour une intégration réussie

« Les centres étaient les seuls canaux qui permettaient une intégration dans la société. Nous étions encadrés, suivis et avions accès à la kiné, à la réadaptation physique et aux soins orthopédiques (orthèse et prothèse). Certains n’ont pu atteindre que la 6eannée mais moi, heureusement, j’ai pu continuer jusqu’à l’université », confie le jeune homme, tout sourire. Selon lui, la stigmatisation reste apparente mais surmontable. Le pire, pour un enfant handicapé, dit-il, c’est de rester à la maison sans aucun appui psychologique et ces autres avantages d’une intégration sociale. 

Pour Rémy, plutôt que les centres spécialisés, il faut prioriser les écoles inclusives : « Même si on nous met dans ces centres, nous avons besoin d’être chéris dans nos familles comme les autres Et non d’être mis à l’écart et se contenter des miettes laissées par ses frères/sœurs. La famille est un lieu de développement psychologique et social dont nous devons aussi jouir. Donc l’éducation spécialisée devrait être réservée à ceux pour qui elle est indispensable », rétorque-t-il.

L’éducation inclusive désigne un système éducatif dans lequel les obstacles ont été enlevés pour permettre aux personnes handicapées d’apprendre et de participer efficacement. L’éducation inclusive garantit un accès équitable au travail et aux opportunités. Le Lycée Notre-Dame de la sagesse (ex CND) en constitue une école pilote. Les institutions scolaires l’ayant adopté se comptent sur les doigts de la main alors que ce système devrait être la norme car socle d’une autonomisation et d’un épanouissement social de l’enfant handicapé et au final, de la personne handicapée au Burundi.

Mais en attendant …

Les écoles même « ordinaires » devraient avoir des infrastructures disposant de rampes d’accès, de main courante pour permettre la mobilité des enfants handicapés. Les infrastructures publiques de même. « On a accepté notre handicap physique. Mais ce dernier devient un fardeau lorsque la société ne nous prend pas en compte dans son organisation », fustige Remy. L’idéal serait l’intégration de la langue des signes dans le curriculum d’enseignant. Et pourquoi pas dans le système éducatif en général ? Ce serait digne d’une société accueillant tous ses membres sans discrimination.

En attendant la vulgarisation de l’éducation inclusive par les autorités compétentes, changeons de mentalité vis-à-vis de nos chers compatriotes et soyons de meilleurs concitoyens.

« Et dernière chose. On n’a pas besoin de charité, ou de pitié au pire. On ne demande qu’à pouvoir jouir de nos droits en tant qu’humain et à vivre pleinement. Au bout du compte, tout le monde peut se retrouver, au moins une fois dans sa vie, en situation de handicap», conclut Rémy Ndereyimana.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion