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« Nous ne nous sentons pas intégrés dans la communauté comme les autres citoyens »

La constitution du Burundi adoptée en 2018 ne discrimine pas en soi les personnes vivant avec un handicap, qui représentent entre 15 et 20 % de la population. Mais elle accuse des lacunes et ce qu’elle contient tarde à être mis en application…

« Tous les citoyens sont égaux devant la loi, qui leur assure une protection égale. Nul ne peut être l’objet de discrimination du fait notamment…d’un handicap physique ou mental… », pouvons-nous lire à l’article 22 de la Constitution du Burundi. 

Et à la loi portant promotion et protection des droits des personnes handicapées au Burundi de renchérir, en garantissant en son article 4 : « le respect de la dignité humaine et l’épanouissement des personnes handicapées : la non-discrimination ; la participation et l’inclusion des personnes handicapées dans tous les aspects de la société… ». L’article 5 ajoute « toute personne handicapée bénéficie de tous les droits contenus dans la Constitution de la République du Burundi et dans d’autres instruments nationaux et internationaux ratifiés par le Burundi ». Et pourtant…

« Des discriminations de fait »…

« Il n’y a pas de discrimination à notre égard à proprement parler au regard de la loi mais force est de constater qu’il y a un manque de mesures accompagnatrices », nous dit Eugène Nsabayezu, Coordinateur de la Fédération des Associations des Personnes Handicapées du Burundi (FAPHB). 

Il explique : « Par exemple, le droit à l’éducation nous est reconnu comme tous les autres citoyens mais il est très difficile pour les enfants aveugles et malvoyants de bien poursuivre leur scolarité. Il y a manque d’enseignants qualifiés et formés dans la dispensation des enseignements en langues des signes et/ou dans l’écriture en braille. La non-reconnaissance et vulgarisation de ces langues limitent l’accès à l’information surtout pour les sourds-muets, ce qui est une atteinte à un droit fondamental ».

Il évoque aussi le problème d’accessibilité à l’emploi. Des certificats d’aptitude physique presque toujours exigés, certificats qui ne sont d’ailleurs pas la bonne méthode pour certifier l’état de santé exact du concerné, sont un exemple de barrières auxquelles ils font face. « Nous sommes souvent assimilés à notre handicap », s’insurge Rémy Ndereyimana, Secrétaire Exécutif de la FAPHB. « Des défis existent dans presque tous les secteurs », disent ces activistes de la FAPHB.

…et des manquements

« Il n’y a pas de loi qui nous protège spécifiquement en tant que groupe de personnes handicapées », dit Nsabayezu. C’est aussi surtout le cas de notre représentativité en tant que groupe. Et qui dit représentativité dit élections et instances de prise de décision. Alors que l’article 29 de la Convention des Nations-Unies relatives aux droits des personnes handicapées que le Burundi a ratifié en 2014 leur confère le droit à la participation politique, les personnes handicapées disent ne pas être impliquées dans le processus électoral en cours au point de dire qu’ « elles ne se sentent pas intégrées dans la communauté comme les autres citoyens ! »

« Nous devrions être considérés comme un groupe et le privilège que la constitution offre aux Batwa devrait nous être aussi accordé », affirme Ndereyimana qui ajoute que des mesures permettant leur participation effective devraient être prises dans ce qui est appelé « aménagements raisonnables ». C’est entre autres la disponibilisation des interprètes en langue des signes, la distribution des postes de radios dans des communautés pour personnes aveugles, enseigner aux personnes la façon d’accueillir les personnes handicapées avec humanité tout comme la facilitation de l’accès aux endroits dont elles ont besoin : bureaux de vote et autres. 

Pour eux, il faut leur garantir une représentativité au sein des instances de prise de décision comme cela se fait déjà ailleurs comme dans la Communauté de l’Afrique de l’Est. « Personne ne doit parler à notre place car c’est nous qui connaissons nos défis/besoins réels », dit le Secrétaire Exécutif de la FAPHB. Ce serait aussi la mise en place d’un Conseil National des Personnes Handicapées, à l’instar de celui de la jeunesse.

 

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