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Faire le droit : la porte vers le chômage ?

S’il y a un point commun entre les lauréats du baccalauréat en Droit qui voudraient exercer les professions d’avocat ou de notaire, c’est bien le chômage. Tous sont exclus du barreau sans exception. Pourtant, pour eux, cette exclusion n’a aucune raison d’être. Témoignages.

« À la fin de mes études universitaires, j’ai déposé mon dossier pour devenir avocat. Mais, il n’a pas été retenu. L’une des raisons avancées est que les détenteurs des diplômes de baccalauréat ne remplissent pas les normes juridiques pour être acceptés dans les barreaux. Jusqu’à ce jour, je suis au chômage et je mène un parcours du combattant pour joindre les deux bouts du mois. Si j’étais avocat, je pourrais bien gagner ma vie », témoigne Philémon Nahimana, jeune lauréat de l’université du Burundi dans la faculté de Droit, année académique 2017-2018. 

Cette situation ne contraste pas avec celle de Claude, un autre lauréat. « Je suis fatigué d’être dans cette situation depuis bientôt deux ans. En janvier 2018, j’ai déposé mon dossier au barreau de Bujumbura, mais il a été rejeté. Néanmoins,  nous sommes toujours dans le brouillard car la situation tarde à se résoudre », se plaint-il, amer. Malheureusement, ces cas sont loin d’être isolés.

Pourtant, les professions libérales sont des options plus ou moins sûres pour se faire une place dans le monde professionnel pour les jeunes juristes devenus nombreux à sortir des universités sans que des employeurs publics et privés puissent les embaucher. 

Une injustice  légalisée ?

Selon  Jean Paul Nshimirimana, représentant, légal de AVSPDD (Association des Volontaires pour la Sensibilisation, la Promotion du droit et Développement Durable), cette exclusion n’a aucune raison d’être. Pour lui, un décret a établi une équivalence administrative des diplômes de baccalauréat et de licence. Ce qui signifie que les bacheliers en Droit sont en droit d’être embauchés dans l’administration, au même titre que les licenciés.

Cependant, les barreaux ne le voient pas de cet œil. « Le décret présidentiel reconnaissant l’équivalence des diplômes de baccalauréat et de licence existe. Mais la loi portant réforme du statut de la profession d’avocat énumère une série de critères que tout candidat voulant devenir avocat doit remplir. Or, ces bacheliers ne les remplissent pas », explique M. Jean de Dieu Muhuzenge, bâtonnier de Bujumbura.

Que le gouvernement prenne ses responsabilités

Selon Jules Remezo, juriste de formation, le problème de ces jeunes lauréats devrait être résolu par ceux-là même qui l’ont créé, c’est-à-dire le gouvernement. En effet, poursuit-il, faire des réformes en ce qui est du système d’enseignement n’est pas du tout une mauvaise chose. En revanche, ne pas pouvoir apporter des solutions à des dommages collatéraux, entre autres empêcher à une si importante catégorie de citoyens d’exercer leur droit d’accès à l’emploi, n’est pas compréhensible. Cette situation ne devrait pas s’éterniser sans qu’aucune action concrète allant dans la recherche de solution ne soit posée.

C’est le gouvernement qui a mené des reformes à coups de décrets et de lois. Il faudra que ces décrets et lois soient revus afin de permettre à ces textes juridiques de rimer en faveur de ces citoyens qui ne cessent d’émettre des cris de détresse. À mon humble avis, l’amendement de la loi en vigueur (la loi no1/14 du 29 novembre 2002 portant réforme du statut de profession d’avocat) devrait être fait dans l’immédiat. Dans le cas contraire, ces jeunes lauréats continueront de plonger dans les affres du chômage.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Svp, quel est le processus précis et claire , pour accéder à la profession d’avocat au Burundi? Ne nous renvoyez pas au textes. Après des études, le diplôme exigé et les autres conditions déjà réunies, quelles sont les autres étapes ?