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Burundi : l’enterrement au temps de la Covid-19

La pandémie actuelle due au coronavirus est venue avec sa gamme de mesures modifiant les habitudes de la vie courante. Même si officiellement il n’y a qu’un décès dû à la Covid19, l’ombre de cette dernière plane toujours sur les enterrements de ces derniers jours… 

La semaine passée, un soir comme les autres, je scrolle sur mon téléphone, quand du coup, je tombe sur ce statut d’un ami estampillé des trois lettres : RIP, sur une photo d’une connaissance ! Nom d’une pipe ! Mais qu’est-il arrivé à la personne ? Je ne savais même pas qu’elle était malade. En fait, deux jours avant, il « se portait bien » et était dans la circulation. La veille, il a été pris de court, amené dans un hôpital à Bujumbura pour y décéder le lendemain.

S’en suivent alors des interrogations dans ma tête. De quoi la personne est-elle morte ? Je n’aurais probablement jamais de réponse. Se plaignant de céphalées, de toux, de fièvre…il aurait été testé positif au paludisme. Traité mais non amélioré, il n’aura pas le temps de subir d’autres tests ! Entre amis, on se demande : « Et si c’était le coronavirus ? ». Pendant ce temps, le jour des funérailles est fixé. Vient donc la question : irai-je ou pas à cet enterrement ?

Des mesures de précaution

Après moult hésitations, je décide d’y aller. Mais ce jour-là, j’ai d’abord un autre programme le matin. Je ne participe donc pas à la messe de requiem et je me rends directement à Mpanda. Ne connaissant pas la cause exacte du décès et surtout conscient que ça va être un lieu de rassemblement dans ces temps de Covid19, je me munis de mon masque. Imaginez quelle est ma bonne surprise quand, à mon arrivée, je vois que tout le monde ou presque a fait de même.

D’habitude, le cimetière est un endroit silencieux mais ce jour-là, c’est plus qu’un silence de cathédrale. Seule une petite voix de chanson se laisse entendre, au travers de cette foule qui malheureusement ne pouvait pas respecter la distanciation, exiguïté de l’espace oblige. Après les discours de la famille et des proches, le traditionnel dernier hommage, « gusezera », suivi du dépôt de gerbes de fleurs sur le tombeau, est fait par la famille restreinte seulement. Les autres, venus les soutenir se lèvent, s’inclinent de loin en signe d’adieu au défunt et, c’en est fini !

Mais qu’est-ce qui devrait être fait ?

S’il devait y avoir un décès dû au coronavirus (Dieu nous en préserve !), la commission Covid19 mise en place par le Ministère de la santé a, dans « Directives Nationales pour la Prise en Charge de l’Infection à Covid-19 au Burundi », présentées vendredi, émis des recommandations en la matière. En raison du risque d’être contaminé lors des manipulations du corps de la personne décédée de Covid19, il faut entre autres que « ceux qui effectuent les manipulations avec le corps doivent utiliser un équipement de protection individuelle (EPI) complet : masque chirurgical, gants, tablier et lunettes de protection ». 

Ensuite lors de la préparation du corps « le personnel des morgues et des entreprises de pompes funèbres doit être informé du décès par COVID-19 et le corps peut être lavé et préparé comme d’habitude à condition de porter un EPI », sans oublier les règles d’hygiène standard.

Les proches peuvent voir le visage de la personne décédée, tout en respectant les barrières définies pour chaque lieu (1m ou deux longueurs de bras). Les effets personnels de la personne décédée, s’ils sont à rendre aux proches, s’ils ne peuvent pas être lavés à plus de 60°C pendant au moins 30 minutes doivent être décontaminés/ désinfectés ou purement détruits. 

Deux personnes de la famille au maximum, sont autorisées dans la chambre mortuaire pour assister à la préparation du corps suivant la coutume. La toilette est réalisée par du personnel habilité en présence de 2 membres de la famille au plus, lesquels doivent porter un équipement de protection, et/ou se tenir à une distance d’au moins 2 mètres de la dépouille. 

Quid de l’inhumation 

Elle doit être réalisée en présence de l’autorité sanitaire locale pour veiller au respect des consignes de sécurité. Elle doit être faite dans un lieu au choix de la famille mais respectant une zone de sécurité : par creusement d’une fosse de 2 à 2,5mètres de profondeur au moins, située à trente-cinq mètres au minimum des habitations voisines et des points d’eau, rivières, torrents, ruisseaux, nappes phréatiques. La fosse doit être entièrement cimentée (y compris les parois) ; doit y figurer l’identité du défunt et la date d’inhumation, avec la mention d’interdiction d’exhumation avant 7 ans. 

Les personnes présentes à l’inhumation doivent se limiter au strict minimum, les personnes assistant à l’inhumation doivent se conformer aux consignes de sécurité sanitaire type EPI : port de gants, masques pour ceux qui manipulent le cercueil, distance de sécurité pour tous, éviction de tout contact rapproché, hygiène des mains et désinfection).

 

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