Au Burundi, derrière l’augmentation des cas testés positifs au Covid-19, se cache aussi l’histoire de personnes guéries. À ce jour, ils sont à 207 patients déclarés guéris et sortis de l’hôpital. Parmi eux, Claudette (le nom a été changé pour question d’anonymat). Elle raconte comment elle a côtoyé et surmonté la maladie.
Le 27 avril, un simple rhume accompagné d’une toux sèche avec fébricule m’a fait consulter à l’un des hôpitaux de Bujumbura. Le diagnostic d’un syndrome grippal surinfecté fut posé, avec prescription d’Efferalgan et Unimoxyl à prendre à la maison.
Le 1 mai. Malgré la prise des médicaments, il n’y a aucune amélioration. La fatigue et la toux s’accentuent. Soudain, le goût et l’odorat plient bagage. Craignant le pire, j’opte pour l’automédication à base de feuilles d’eucalyptus. Une erreur qui a failli me coûter la vie.
Le doute devient réalité
Le 10 mai. L’automédication n’a rien donné. Le soir, je me sens oppressée par une toux sèche, à bout de souffle et le thorax en feu. Très affaiblie, mon mari me transporte à l’hôpital. Après une radiographie pulmonaire, je vois le médecin crisper son visage. À ce moment, la peur s’installe.
Le 11 mai matin, un médecin bizarre me prend un échantillon dans le nez. Je dois vous avouer que j’ai eu très peur au vu de la combinaison qu’il portait. On dirait ces cosmonautes américains ou russes des vaisseaux Apollo et Souyouz. Ça me donnait l’impression d’avoir une maladie très grave.
Le calvaire hospitalier
Le 12 mai. Le verdict tombe. J’ai la Covid-19. La réaction du médecin démuni, ne m’aide pas. Regarder l’actualité, non plus. Je me dis que je vais mourir. Où est-ce que j’ai pu choper ce vilain virus ? Tout va tellement vite dans ma tête que je finis par tomber en syncope.
Le 13 mai. Je me réveille étant à la Clinique Prince Louis Rwagasore, avec un masque d’oxygène sur la bouche, sans savoir comment j’y suis arrivée. Vu les préjugés sur une personne sous oxygène au Burundi, cela me présage un sombre destin. Là, c’est sans parler de l’odeur des désinfectants. Toutes les trois ou quatre heures, on vient désinfecter la pièce.
Le 14 mai. Le contact-tracing toque à la porte. Un moment très terrifiant quand je pense que j’ai peut-être contaminé toute ma famille, surtout mes enfants. Au final, seul mon mari est testé positif et me rejoindra à l’hôpital cinq jours après. Le niveau de stress est à son comble. Ma photo circule sur les réseaux sociaux tel un criminel, je suis dévastée. Où est ma dignité ? J’ai le cœur brisé.
À l’hôpital, aucune visite extérieure n’est permise. Je ne sais pas quand je verrai mes enfants, ou si je pourrais les revoir un jour. On se parle seulement sur Whatsapp. Je traverse des jours sombres.
La joie vs la stigmatisation
Le 20 juin. Jour inoubliable. Depuis un mois, mon état s’améliore de jour en jour. Ce 20 juin, le médecin me tend un certificat de guérison et m’annonce que mes résultats sont revenus deux fois négatifs. Je suis guérie. En plein extase, je remercie le Seigneur, les médecins et les infirmiers qui m’ont aidé à tenir le coup, et qui ont vraiment joué un rôle dans ma guérison. Bravo à eux.
Mais une fois dehors, le pire m’attend. L’entourage et ma famille ne croient pas à ma guérison. Ils me fuient comme la peste. Même chose au boulot. Psychologiquement, c’est un coup.
Aujourd’hui, je prends conscience de la chance que j’ai eue. La Covid-19, on en guérit. Mais le mieux, c’est de s’en prévenir, en se faisant dépister, et en observant scrupuleusement l’hygiène des mains et les mesures barrières.
Ooh mon Dieu. Gloire à Dieu chere Claudette. Vraiment c’est un calvaire et votre recit nous apprend tellement d’abord sur l’espérance que le Covid-19 se guérit, sur la lutte contre l’automédication, sur la lutte du partage des photos des malades sur Whatsapp, sur la lutte contre la stigmatisation, sur la reconnaissance lorsque vous remerciez Dieu, les médecins et infirmières qui ont été d’une aide precieuse à votre lit d’hôpital, et surtout lorsque vous nous interpeller à suivre les mesures d’hygiène et des mesures barrières, sans oublier le dépistage massif. Merci beaucoup Claudette et à Yaga de nous donner des points positifs en ce moment où les points négatifs priment avec le Covid-19.
Gloire à Dieu Claudette pour votre guérison (celle de votre mari aussi j’espère). Honte à tous ceux qui vous fuient parce que vous avez eu le Corona. On a du chemin à faire pour l’éducation de la société burundaise contre la stigmatisation quelque soit son origine. Ce qui m’étonne est que ces gens même qui fuient les « personnes guéries » sont peut être capables d’embrasser, serrer la main ou avoir du contact avec des personnes qui ne présentent pas de signe (mais potentiellement porteurs).