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Vous chef suprême, moi étudiant·e : lettre au président

Comme le fou cher à Balavoine qui va jeter à la mer une bouteille espérant que l’on pourra lire le SOS à travers, j’ose croire que par quelques heureux clics, ce modeste billet pourra atterrir dans de « bonnes » boîtes de réception,  dans un « bon » groupe Whatsapp. 

Monsieur le Président, il y a cinq ans, un autre blogueur s’est prêté au même exercice. Il s’adressait à votre illustre prédécesseur. Aujourd’hui, j’ai la chance de m’adresser à un homme qui dit « apprécier les gens ouverts et redouter ceux qui ne parlent pas parce que l’on ne sait jamais ce qu’ils cachent dans leur mutisme.»

Vous voyez, Monsieur, un ventre affamé n’a point de cerveau. Peut-être que vous rencontrerez les représentants des étudiants de différentes universités. Étiquette observée, tirés à quatre épingles, kwa Français ya mingi, comme on dit. Il se pourrait qu’ils fassent trop dans le politiquement correct. 

Il est fort à parier qu’ils vous souhaiteront pleins succès. Jusqu’à oublier de vous rappeler qu’un étudiant qui a quitté le soir un restaurant l’estomac vide aux trois-quarts pour aller à l’auditoire le lendemain en ayant que la mousse de la pâte dentifrice dans le ventre aura la tête ailleurs.

Poilissimes et leurs pairs, amis de fortune

Je ne vais pas vous demander la lune. Mais, mon Général, les étudiants de l’Université du Burundi par exemple ont droit à deux repas. Si mes informations sont bonnes, du riz, des haricots et des pommes de terre sautées. De janvier à décembre. Ceux qui ne sont pas logés dans les campus doivent maîtriser une gymnastique financière en gérant trente mille francs par mois pour les boursiers, soixante avec le prêt-bourse, si les tranches viennent à temps.

Ceux des universités privées ne sont pas non plus épargnés par ce jeu d’équilibriste. Une certaine vision erronée voudrait que les institutions supérieures de Bujumbura soient fréquentées par les natifs de la capitale économique. Absolument faux. Ce ne sont pas que des enfants bo mu giti  qui s’y trouvent. Il est de ces jeunes qui doivent supprimer quelques repas pour s’offrir un syllabus. Le retard de la bourse est malheureusement un calice amer qu’ils boivent bon gré mal gré.

Sans la prétention de me dresser en porte-voix de cette élite de demain, probablement qu’ils garderaient un bon souvenir de votre passage à la tête de notre cher pays en racontant à leurs progénitures qu’ils ont vu un président tordre le cou à la précarité estudiantine.

Aidez-nous à aider le Burundi

J’ai écouté avec beaucoup d’attention votre discours d’investiture. Fidèle à votre grade de commandant contre la pauvreté, vous avez brossé quelques lignes directrices qui vous permettraient de mettre le pays sur les rails du développement. Turi kumwe twese birashoboka est le leitmotiv sur lequel est placé votre septennat. Vous avez raison. 

Mais,- oui, il y a un mais-, matières premières sans matière grise n’est que ruine d’un peuple. Des cas de jurisprudence sont légion. Vous avez parlé d’une transformation sur place des fameux minerais. Peut-être cela nous permettrait-il d’éviter la case scandale géologique. 

Faites un tour dans nos facultés. Vous trouverez des laboratoires et bibliothèques qui feraient office de musées tant les dernières acquisitions remontent d’il y a longtemps. En y arrivant nous sommes émerveillés. C’est normal d’autant plus que ce que nous appelons laboratoire et bibliothèque dans nos lycées et collèges sont souvent de petits locaux où sont stockés des tubes à essais et quelques dictionnaires.

Vous Président, moi étudiant·e j’ose espérer une symbiose. Chacun aura besoin de l’autre pour l’accomplissement de ses objectifs. Le pays sera le plus grand gagnant de cette bonne relation. Le fameux « Burundi de demain » ne saurait être rayonnant sans l’appui de ceux qui sont aux commandes  aujourd’hui, Turi kumwe twese, bizoshoboka.

Chadrack Nzeyimana

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Les commentaires récents (4)

  1. Si c’est un étudiant de l’université du Burundi qui a pu rédiger ça,vraiment je lui encourage.il mérite quelques remerciements.Oui,les étudiants souffrent de la famine à cause du retard de la prêt-bourse.