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Candidatures féminines encouragées. Faveur ou discrimination déguisée ? 

Que ce soit dans la fonction publique, dans les entreprises, les exploitations agricoles, ou pour leur travail non rémunéré à la maison, la femme burundaise apporte une contribution énorme à l’économie. Malgré cela, elle reste touchée de manière disproportionnée par la pauvreté, la discrimination et l’exploitation. Réussir son autonomisation est la clé pour relever ce défi.

Elles sont nombreuses à rêver de cette autonomie. Des femmes rurales aux femmes sans emplois vivant en coins péri-urbains, des domestiques aux femmes de joie, des vendeuses de rue en passant par les fonctionnaires aux faibles revenus…la liste est longue. Madeleine Nishimwe, la trentaine, est l’une d’elles. Habitant en coin péri-urbain du centre-ville de Muyinga, elle est commerçante de poissons grillés du lac Rweru.

Un jour, elle a voulu ouvrir un compte bancaire d’épargne, et s’est heurté au refus de son mari, chauffeur de bus. « Comment une femme peut avoir un compte bancaire alors que son mari n’en a pas ? Si tu veux l’ouvrir, ouvre-le à mon nom », lui a rétorqué ce dernier. Elle n’a pas protesté et c’est son mari qui gère toutes ses économies. Aujourd’hui, malgré son affaire florissante, elle n’a même pas de carte d’assurance-maladie, et son enfant est souvent renvoyé du lycée par manque de minerval.

Contraintes

Le cas de Madeleine n’est pas isolé. L’enfermement dans la sphère domestique, la confiscation des droits patrimoniaux, l’accès très réduit à la propriété foncière, la persistance des écarts de salaires et la difficulté d’accès aux responsabilités politique et financière sont les obstacles à l’autonomisation de la femme. Les chiffres en témoignent. Au moment où la constitution burundaise attribue un taux de 30 % des femmes dans les instances politiques, la moyenne générale n’était que de 18 %, selon une étude publiée en 2018. Même constant selon l’enquête nationale sur l’inclusion financière au Burundi, ou seulement 7,9 % de femmes possèdent un compte bancaire contre 17,6 % pour les hommes.

Or, en autonomisant la femme burundaise, ce sera l’ensemble du pays qui en bénéficiera. Je me rappelle d’ailleurs ce proverbe africain qui dit que « Quand on éduque un garçon, on forme un homme, mais quand on éduque une fille, c’est tout un village qu’on forme ». Non seulement c’est vrai, mais on peut le mesurer. Une femme n’est-elle pas beaucoup plus susceptible de consacrer ses revenus aux soins de santé et à l’éducation, qu’un homme ?

Garantir les droits des femmes

L’État burundais est le numéro un à assurer cette autonomisation. Cela partirait d’abord par la suppression des lois administratives entravant la libre circulation des filles et femmes. Ensuite par la suppression des clauses discriminatoires liées à la propriété foncière et les droits de propriété. La loi sur l’héritage des femmes devrait être remise sur la table de discussion, pour faire en sorte que les lois portant sur les droits patrimoniaux et les droits de succession ne soient pas discriminatoires à l’égard des femmes.

Enfin, ça passerait dans la représentativité des femmes dans les instances de décision, en les encourageant et les incitants aux fonctions de direction. Il faudrait aussi soutenir l’État de droit grâce à laquelle les femmes burundaises pourront atteindre des niveaux d’éducation et des revenus plus élevés.

 

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