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Campagne « Ndakira sinandura kandi sinanduza » : quel bilan ?

Lancée le 6 juillet par le président de la République du Burundi pour endiguer l’épidémie de Covid-19 dans un délai de trois mois, la campagne « je guéris, ne me contamine ni ne contamine les autres », vient de prendre fin. L’heure est au bilan.

Le 31 mars, le Burundi annonçait ses premiers cas de Covid-19. Trois mois après, 2617 tests avaient été effectués avec un total de 191cas positifs. Ce qui donnait un taux de positivité de 7,3 %. En plus, il y avait un déni et un relâchement notoire dans les mesures de prise en charge et prévention. Il fallait un vin nouveau et il est venu dans les outres neuves du président Ndayishimiye.

Via la campagne « Ndakira, sinandura kandi sinanduza », la donne changea. Alors que le Burundi disposait d’un seul centre de dépistage, les capacités matériels et de prise en charge furent renforcées et un dépistage de masse déclaré. Et comme seulement 6% de Burundais pouvaient s’offrir du savon d’après une étude récente, le prix du savon fut subventionné à 50%, et le prix du mètre cube d’eau réduit pour renforcer les mesures d’hygiène.

Tout cela, pour quel résultat ?

Au lendemain de la fin de la campagne, 40293 personnes ont été testées. Parmi elles, la campagne a permis de dépister 38015 personnes, soit 94,35%. Quatorze fois donc le nombre de personnes testées pendant la même période avant la campagne. Et parmi les 515 cas positifs au SARS-CoV-2 que comptait le Burundi au 7 octobre, 324 cas ont été confirmées au cours de la campagne, soit 63%. Cela a permis de ramener le taux de positivité à 1,28 %, et à diminuer voir annuler, la transmission locale de Covid-19. Il ne reste officiellement que des cas importés.

Source : Ministère de la santé publique et de lutte contre le Sida

Le pic de la semaine 28 correspond au début de la campagne de dépistage de masse.

Et pour ce qui est de la subvention du savon bururu, de juin à août 2020, 30 millions de savons qui ont été vendus, touchant plus de 7,5 millions de bénéficiaires. L’initiative a pris fin au mois de septembre et 40 millions de savons ont été distribués. 

Le bémol

Mais tout n’a pas été rose. Il y a eu en effet, une distribution inégale du dépistage entre les provinces, seules 14 provinces sur les 18 ont été atteintes par le dépistage massif. En plus, une insuffisance des matériels de dépistage s’est manifestée et à la fin de la campagne, cinq provinces dont Bubanza, Cankuzo, Bururi, Bujumbura Rural et Rutana ne sont toujours pas équipées en « GeneXpert » pour le dépistage du Covid-19.

Pour Claude Manariyo, habitant de Bubanza, l’opérationnalisation du centre d’appel 117 n’a pas été à la hauteur alors qu’il était l’outil pour encourager la population à adopter des comportements de protection, diminuer la peur, les rumeurs, les préjugés, la stigmatisation et la désinformation dans les communautés.

M. Manariyo, également petit entrepreneur dans la fabrication locale du savon, renchérit que la subvention du savon bururu a détruit le petit entrepreneuriat du savon local, ce qui a poussé les commerçants à faire certaines magouilles ayant occasionné souvent sa pénurie.

En plus, il y a eu un retard notoire dans la mise en application de la réduction du prix de l’eau, cette dernière ayant été effective le 15 septembre vers la fin de cette campagne. Sans oublier la pénurie d’eau sur les bornes fontaines publiques qui s’en est suivi, handicapant le volet prévention du Covid-19.

Pour relever ces défis et pérenniser le succès acquis, il est urgent d’intégrer le dépistage et la prise en charge de Covid-19 au niveau des formations sanitaires du pays, secourir l’économie par la mise en place d’un système de gestion sanitaire sécurisé au niveau de l’aéroport et des points frontaliers pour permettre l’ouverture des frontières, sans oublier d’intensifier la communication en vue d’un regain d’intérêt de la population pour le non-relâchement des mesures d’hygiène.

 

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