La dernière visite du président Ndayishimiye en Tanzanie visait à renforcer les investissements et les relations commerciales entre les deux pays. Cela au moment où certains indicateurs portent à croire que le Burundi est le grand perdant dans ses échanges commerciaux avec le voisin de l’Est. Que faire pour changer la donne ?
L’objectif de la visite du président Ndayishimiye tombait sous le sens. En effet, la Tanzanie profite plus de son commerce avec le Burundi que ne le fait celui-ci. Avec le commerce transfrontalier informel du Burundi avec ses voisins, la Tanzanie représente 43% des exportations du Burundi en 2018, alors que plus de 95% de tous les produits importés au Burundi provenaient de la Tanzanie la même année.
Même réalité dans le formel. Au 1er semestre 2018, le Burundi a vendu dans l’EAC 6,9% de la valeur globale de ses exportations, alors que l’Ouganda consommait 38,8% des ventes dans la communauté, suivi du Rwanda et du Kenya à 30,2% et 21,9% respectivement, la Tanzanie était en queue de liste avec 9,1%. Curieusement, pendant la même période, au moment où plus de 15% des importations du Burundi venaient de l’EAC, la Tanzanie venait en tête en fournissant 39 % de la valeur des importations. Un léger mieux a été observé au 2ème semestre 2018 où la Tanzanie a consommé 35,8 % des ventes et a fourni 35,2% de la valeur des importations.
Face à une Tanzanie conquérante…
Aucun pays parmi les deux n’est un enfant de chœur. La Tanzanie voit bien que le Burundi est un pays enclavé. Mais quand elle promet d’aider de sorte que les marchandises à destination du Burundi ne paient pas les impôts et taxes, ou de disponibiliser des bateaux pour le transport des marchandises, je suis contre. Pourquoi nous promettre ce que le Burundi a déjà via la Convention Orts-Milner ? Comme la Convention n’a jamais été ratifiée, le Burundi devrait garder ses concessions sur les deux ports de Dar-es-Salam et Kigoma. Ce qui n’est pas le cas et qui fait que le Burundi en sort grand perdant. Pour plus d’équité, au lieu de quémander l’aide de la Tanzanie pour se désenclaver, un bon leadership burundais devrait en tirer profit en négociant un autre accord plus adapté aux temps présents.
…le Burundi ne peut qu’élever son niveau de jeu
Non plus, le Burundi ne doit pas courber l’échine. Il devrait avoir de quoi offrir et miser sur la relance de l’exportation pour inverser la tendance. Et pour y arriver, cela passera par la lutte contre les barrières non-tarifaires, l’identification de nouveaux produits d’exportations, la hausse de la compétitivité de nos entreprises par rapport à leurs concurrents tanzaniens, sans oublier la participation à la foire du COMESA et EAC.
Également, il nous faut développer le secteur agricole afin de produire des quantités suffisantes pour capter de nouveaux marchés avec le surplus, bien sûr avec une transformation préalable en produits manufacturés avant l’exportation. Enfin, il est primordial d’accroître nos capacités énergétiques et moderniser l’agriculture. Autant de questions qui méritent d’être prises à bras-le-corps par les autorités tant burundaises que tanzaniennes.
Il faut surtout veiller à ce que la Tanzanie de devienne un paradis fiscal pour les hommes d’affaires et personnalités nanties Burundais. Muti gute? Avec tous les avantages octroyés à la Tanzanie, elle ne va évidemment pas se plaindre; mais on peut supposer qu’elle donnera quelque chose en contrepartie: par exemple, veiller à ce que les comptes en banque et les affaires de certains burundais continuent à fructifier en toute tranquillité, à l’abri du regard de l’OBR. Vous savez, il est devenu très difficile de planquer sont argent en Suisse, aux USA et ailleurs. Ce n’est pas non plus prudent de déposer des gros sacs de billets de dollars dans une banque burundaise. La loi pourrait un jour se réveiller et devenir curieuse… Alors il faut caresser le voisin consentant.