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Récurrente pénurie du ciment BUCECO : qu’est-ce qui cloche ?

Alors que le ministre ayant le commerce dans ses attributions avait mis en garde les « spéculateurs » du ciment, plus d’un mois après, rien n’a presque changé sur le terrain. Le ciment, s’il est disponible, se vend à un prix non convenu. Au grand dam des consommateurs. 

S’il est parmi les rares produits made in Burundi préférés à ceux importés, le ciment dit de BUCECO se fait de plus en plus rare sur le marché, regrette Émile, tenancier d’un magasin de matériaux de construction sis au quartier asiatique. Ce matin-là, je le trouve en train de jouer aux cartes, lui et ses collègues : « Que veux-tu qu’on fasse puisqu’on n’a rien comme ciment à proposer aux clients, celui de Buceco surtout ? »  

Et d’expliquer : « Cela fait plusieurs jours que l’entreprise Buceco nous fournit  en quantités pour le moins insuffisantes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des fois, on revoit à la hausse le prix du sac de ciment. Si des fois, nous partons de 24 500fbu pour arriver jusqu’à 32 000 fbu, vous comprenez là que l’heure est grave. On n’a pas de choix ». Et ce n’est pas que le ciment Buceco qui se fait rare. Celui dit Dangote l’est aussi. « Quand on arrive à l’avoir, on le vend à 37 000 fbu contre 33 000 fbu en temps normal ».   

« Spéculations » ?

Là où les autres voient la pénurie et/ou l’irrégularité de l’approvisionnement en ciment BUCECO, le ministre du Commerce Jean Marie Niyokindi et son ministère parlent eux de spéculations. « Les prix ont sensiblement augmenté. Le ciment qui s’achetait à 24 500 fbu arrive à 29 000 fbu voire 30 000 fbu. Ce qui est anormal », annoncera-t-il dans un point de presse

Et d’accuser BUCECO de manquement à certaines de ses missions : « Si les prix augmentent et que les acheteurs du ciment peinent à s’en approvisionner, l’entreprise doit en subir un lourd tribut. Bien que ce soit une industrie, elle doit suivre de près ce que les grossistes sont en train de faire », avant d’ajouter que les « grossistes qui ne respectent  pas les conventions devraient être rayés de la liste des clients directs de BUCECO ». Ce dernier, quant à lui, parle d’une production suffisante  avec des prix conventionnels.

Mais, où est-ce que le bât blesse ? 

S’il ne faut pas ignorer les possibles spéculations, par les temps qui courent, les produits dont l’obtention nécessite des devises, brillent par leur irrégularité. C’est le constat de Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome. Pour preuve, avance-t-il, la récurrente pénurie du carburant et certains produits de la Brarudi depuis un certain temps. Pour lui donc, l’actuelle  pénurie/spéculation du ciment ne devrait étonner personne vu que les matières premières que ce produit exige pour sa fabrication sont importées. L’importation est impossible sans devises. Cela vaut aussi pour le ciment importé. Or, avance toujours Rufyiri, ces devises se font de plus en plus rares, au grand dam des industriels burundais et de la population. 

Pour venir à bout de ces défis, cet activiste estime que l’augmentation de la production industrielle, la stimulation des investisseurs étrangers ainsi que  l’équilibre de la balance commerciale s’avèrent impératifs pour vider la question des devises. Avant de nuancer : «Mais tout ceci ne sera pas possible avec l’actuel climat politique précaire. Un combat sur ce front est donc une nécessité si nous voulons changer la donne ».

 

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