Il y a des rencontres que nous faisons, qui changent nos vies, ou nous poussent à aller plus loin. Il existe une communauté de femmes et jeunes filles burundaises regroupées dans des groupes Whatsapp qui ont compris qu’aller de l’avant ensemble vaut mieux qu’être épanouie seule. Les vases d’honneurs, ainsi sont-elles appelées. Si maintenant la petite communauté qui compte environ 800 personnes fait bouger les choses, c’est grâce à Lydia Nshimirimana, une Burundaise vivant au Canada.
Tout commence par une scène à laquelle elle assiste en 2015 quand Lydia, la trentaine, est enceinte. Elle voit des jeunes filles vers « le chemin de la perdition ». Ivres, elles se battent dans la rue, créant une émeute. Choquée, elle pense à sa fille qu’elle porte en elle, et ne souhaite aucunement qu’elle vive ça. Après moult réflexions, elle se dit que les parents de ces filles ne voulaient pas aussi qu’elles vivent ça. Une vive compassion naît en elle. Elle sent le désir d’aider les jeunes filles à devenir meilleures avec l’appui d’autres mamans. Un groupe Whatsapp voit le jour en 2016. Elle l’appellera « Vase d’honneur », parce que pour elle, le vase est la représentation d’une femme. Actuellement la communauté a grandi et se retrouve dans quatre groupes différents vu que le maximum pour cette application est de 256 personnes par groupe.
Selon Lydia Nshimirimana, « la vision de ce groupe est de pouvoir joindre les femmes et filles de différentes cultures, races, occupations et religions afin d’en faire des femmes honorables ayant une belle confiance en soi. Et tout cela dans le but qu’elles puissent exceller dans tous les domaines de leur vie. Des femmes qui feront la différence dans leur famille, communauté, nation et dans le monde. »
Le vase d’honneur donc, car on le traite avec respect. Et c’est ainsi que chaque fille et femme devrait être traitée.
Changement de mentalité
« Et des vies changées, des femmes qui prennent conscience de leur valeur, j’en ai vu, et j’en vois toujours », raconte-t-elle avant d’expliquer : «Dans notre groupe, si une sœur est en détresse, ou si elle veut un conseil quelconque, elle en a par milliers, parfois même des réprimandes si elle a tort, toujours en douce, comme de vraies amies. »
Petit à petit, c’est devenu une communauté où d’abord on s’exprime, on se conseille mais aussi où on partage les connaissances, notamment sur la cuisine ou sur la sexualité, et la parole de Dieu. Bien organisée, cette communauté réunit des gens qui vivent dans différents coins de la capitale, à l’intérieur du pays, et à l’étranger. Elle est aussi subdivisée en cellules selon la localité, avec des représentantes dans chaque commune. « Elle comporte quatre volets, celui d’entrepreneuriat, le women’s care pour aider les mamans démunies, le volet de partage de la parole de Dieu et celui de pourvoir des petits capitaux aux aspirantes entrepreneures », explique Bella Lucia, une des jeunes filles.
Ces Burundaises veulent avancer mais toutes ensemble, et comme le souligne Lydia, « une femme peut faire la différence mais ensemble nous pouvons changer le monde ! »
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