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Secrétariats au Burundi: faut-il craindre de nouvelles « Gucci Grace » ?

Les antichambres des grands ressemblent parfois à des purgatoires pour ceux qui veulent s’adresser au « chef ». Gardant jalousement l’accès au bureau de leur supérieur, certaines secrétaires se comportent comme des cerbères des temps modernes et abusent de leur pouvoir. Le blogueur Jean Marie Blaise Migabo témoigne.

L’histoire d’il y a quelques mois de la chute de Mugabe avec sa femme Grace, cette ancienne secrétaire qui voulait devenir présidente, a réveillé en moi une interrogation que j’avais depuis des lustres sur le réel pouvoir des secrétaires et jusqu’où elles, vu que la majorité sont des femmes, sont prêtes à aller pour montrer toute l’étendue de leur pouvoir. Interrogation qui allait peut-être me traverser fugacement si je n’avais pas expérimenté une situation susceptible de me la rappeler.

Il y a de cela quelques jours, je devais me rendre dans un des bureaux d’un des ministères à Bujumbura pour y chercher un document. Pour ce, j’étais obligé de passer par le secrétariat. Arrivé sur les lieux, vers 10h, je trouvai un pléthore d’autres jeunes gens devant la porte de la secrétaire qui n’avait accueilli personne depuis le matin. Pour quel motif ? Je me pose encore la question. Ce qui se voyait c’est qu’elle avait les yeux fixés sur son écran et était en train de taper quelque chose.

Trop sûres d’elles

J’attendis un petit moment avec les autres mais vu que j’étais un peu pressé, j’eus envie de demander quand nous allions être reçus. Un camarade qui avait vu mes intentions me souffla : « Attendez un petit instant ». C’est ce qu’elle leur avait dit. Pourtant certains venaient d’y passer plus d’une heure. Après un autre long moment, un courageux parmi nous, bravant l’interdiction qu’elle avait imposée, se permit d’entrer dans son bureau pour demander ce qui se passait. Il n’avait fait que deux pas quand la secrétaire lui demanda de rebrousser chemin quand notre « ami » insista en demandant pourquoi nous n’étions pas reçus. La secrétaire devint alors furieuse: « Vous avez bravé mon interdiction et êtes venu me tenir tête dans mon bureau, eh bien vous n’aurez ce que vous cherchez tant que je serais là, ici c’est chez moi ». Un peu pour dire « ici c’est moi la ‘’boss’’, c’est moi qui décide.»

Et nous on avait qu’à prendre notre mal en patience en attendant qu’elle se décide enfin à nous accueillir, une attente prévue pour cinq minutes mais qui était bien partie pour durer deux heures.

Quid de la hiérarchie ?

Pendant ce temps, le directeur du bureau faisait des navettes de son bureau à celui de la secrétaire, de cette dernière au balcon de l’immeuble puis retour à la case départ. Tout cela comme si de rien n’était, comme si nous n’étions pas là, il laissait faire sa secrétaire qui se fichait de nous comme de sa dernière guigne.

Je ne dis pas que toutes les secrétaires sont mauvaises ou qu’elles se prennent toutes pour des « Gucci Grace », loin de là! Mais tout autant qu’il y a des secrétaires accueillantes, respectueuses et qui font leur travail de manière impeccable, il y en a d’autres qui se croient sorties de la cuisse de Jupiter et qui en abusent. C’est là que devraient intervenir leurs chefs pour les encadrer et au besoin les « remettre à leur place ». Sinon, nous serions tous tentés de donner raison à celui qui avait dit que « les directeurs dirigent l’usine mais les secrétaires dirigent les directeurs ».


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