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Santé Publique : la pierre angulaire qui a été rejetée par les médecins burundais

Parmi les facultés les plus prisées dans l’enseignement supérieur burundais, il y a la médecine. Pourtant, au sein même de ce cursus, le domaine de la Santé Publique, pilier incontournable, reste paradoxalement marginalisée. Le blogueur Yves Irakoze explique pourquoi.

L’idée de passer sa carrière à éduquer les communautés ou dans un bureau à collecter des données n’emballe pas vraiment les étudiants en Médecine. Sauf si c’est pour le compte d’une ONG, qui rémunère bien. Car, voyez-vous, faire des études en Santé Publique ne serait pas assez prestigieux pour un médecin qui se respecte.

Pour Belyse, étudiante en Médecine, la profession médicale est confrontée à des situations qui ne sont pas forcément clean (touchers pelviens, odeurs fétides occasionnées par certaines pathologies,…), mais disons perçues comme nobles. Selon elle donc, des études en Santé Publique sont bien indiquées…pour quelqu’un qui ne veut pas « se souiller »! Raoul, qui marche sur ses quatre piges de Médecine, incrimine certains enseignants qui dépeignent la Santé Publique comme le lot de ceux que la Médecine a débouté. Il cite un de ses « maîtres » qui un jour leur avait lancé avec un air moqueur : « Il n’y a pas de problème si vous ne voulez pas étudier. Quand vous échouerez la Médecine, vous irez apprendre la Santé Publique ».

Santé Publique, incontournable

Tout ce beau monde croît donc que la Médecine tient ses lettres de noblesse de l’approche curative. Ta cirrhose n’est donc pas une mauvaise nouvelle, puisqu’elle donne une opportunité à ces illustres esprits de montrer l’étendue de leur savoir-faire. Et elle est loin d’être un cas isolé illustrant le cynisme des hommes en blouses blanches. Parce qu’il y a entre autres ces coûts exorbitants des médicaments pour traiter les maladies chroniques non transmissibles et la paupérisation des familles qui va avec (oui, qui dit maladie chronique dit traitement à vie) là où une hygiène de vie responsable pouvait faire l’affaire. Prenons, le diabète par exemple. En 2015, le coût liés au traitement de ce dernier représentait 3,8 milliards de dollars en 2015 pour la seule Afrique de l’Est –il sera de 16,2 milliards en 2030– alors qu’une alimentation saine, une activité physique régulière, un poids normal, la non-consommation du tabac sont autant d’habitudes de vie qui permettent la prévention ou retardent l’apparition du diabète. Sans parler du débordement des cabinets médicaux par des patients souffrant de maladies qui peuvent être prévenues dans les communautés (les maladies liées au manque d’hygiène ou d’une alimentation équilibrée par exemple).

Et pourtant…

Quelle est la situation de telles pathologies à un moment donné ? Quelles stratégies mettre en place pour permettre un accès accru aux informations nécessaires pour les combattre ? Quelles sont les projections en termes de coûts et de ressources nécessaires ? Quels acteurs associer ? Telles sont entre autres les questions auxquelles les experts en Santé Publique cherchent à trouver des solutions. Et l’absence de ressources humaines suffisantes dans ce domaine, combinée aux politiques et protocoles sanitaires pas ou peu efficaces sur terrain, ne sont pas pour arranger les choses. Et par terrain il faut entendre tes habitudes de vie (conscientes ou pas), le financement de la structure la plus proche de chez toi, et par conséquent la qualité des soins que te procurent cette dernière.

Maintenant tu sais au moins deux choses : premièrement, tes virées quotidiennes au bistrot vont finir par t’amocher le foie. Et ici le mot clé c’est « quotidiennes » et pas « bistrot » parce que si tu bois quotidiennement comme un trou, mais à la maison, le résultat sera le même.

Enfin, tes médecins actuels et futurs ne te préviendront pas. Ce n’est pas leur job.

Ceci dit, portons un toast…à la santé!


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