Le blogueur Ivan-Corneille Magagi, dans un billet paru sur Yaga relativise la stratégie de prohibition des produits du tabac dont la chicha et dit proposer des solutions intermédiaires pour lutter contre le tabagisme. Pour le blogueur Franck Nziza, cela mérite d’être nuancé, du moins sur certains points.
Sommes-nous prêts à sacrifier des vies humaines au nom des libertés individuelles ? C’est la première question qu’il faut se poser. Justement car les produits du tabac ne sont pas des pommes de terre ni des haricots encore moins des friandises. Le tabac n’est pas une denrée comme les autres car il tue la moitié de ses consommateurs même s’ils respectent les instructions du fabricant lors de la consommation. Pire, le tabagisme passif (des personnes qui se trouvent dans l’environnement du fumeur) est responsable de 600 000 décès prématurés par an dans le monde. Le tabac n’est donc pas seulement un danger pour la santé des fumeurs mais également pour son entourage. Ce qui revient à dire que l’interdiction d’usage du tabac/produits du tabac permettrait de sauver des milliers de vies humaines.
Qu’en est-il de la recherche ?
Bien que le niveau de la recherche reste embryonnaire comme dans la plupart des domaines au Burundi, il existe des données parcellaires qui ne reflètent pas la réalité nationale bien évidemment (une dizaine de thèses de Médecine, l’enquête GYTS, etc.) mais qui donnent une idée assez précise sur les catégories de la population les plus touchées. Il en découle donc des recommandations sur les actions concrètes à mener.
De plus devrons-nous croiser les bras sous prétexte qu’une recherche adaptée à notre contexte n’est pas encore disponible ? En matière de recherche lorsqu’il y a une évidence scientifique déjà avérée dans un pays présentant des caractéristiques socio-économiques similaires à un autre, on peut se permettre d’en extrapoler les conclusions. C’est même la justification des discussions dans les travaux de recherche.
Dépendance, stigmatisation & co
« …Le tabagisme est souvent perçu, à tort, comme un simple choix personnel. En fait, même pleinement informés de ses conséquences sur la santé, la plupart des consommateurs de tabac veulent arrêter mais ont du mal à y parvenir à cause du pouvoir addictif de la nicotine… », peut-on lire dans le préambule de la stratégie MPOWER, un document qui est en quelques sortes la matérialisation de la convention cadre de l’OMS de lutte contre le tabac.
Impossible de traiter un sujet de santé publique sans évoquer « la prévention ». Il se trouve que le tabac est l’une des substances psychoactives les plus addictives. C’est pour cela même que l’industrie du tabac cible volontairement les jeunes dont les cerveaux sont encore immatures, plus vulnérables à la dépendance. Bien que la dépendance et l’éventuelle stigmatisation qui en résulte nécessitent un suivi adéquat (prévention secondaire), le meilleur moyen reste l’action en amont de l’apparition de la maladie (prévention primaire).
Enfin, je ne suis pas contre le libre choix – s’il en est un – mais il doit-être éclairé autant que possible.
A relire:
- Prohiber le tabac au Burundi : une fausse bonne idée
- Industrie du tabac : un mal non nécessaire
- Fumer la chicha tue
Et finalement, Franck, pour ou contre la prohibition??? Qu’a-t-on déjà essayé qui n’ait fonctionné pour passer à la vitesse supérieure? Qu’est-ce qu’on propose aux fumeurs qu’on sèvrerait de force sans considération de leur bien-être mentale?
On ne peut pas se permettre de dire qu’on fume en modération, c’est vraiment absurdes. seul l’abstinant peut s’en tirer vivant. Respecter la vie des autres c’est se respecter. Je condamne pas les fumeurs mais s’ils n’arrivent pas de s’en empêcher qu’ils aillent à côté.