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Que deviennent ces jeunes Burundais exilés dans la sous-région ?

Lorsque tu quittes le Burundi et voyages à Butare, Kigali, Mbarara, Kampala, jusqu’à Nairobi, tu ne te sens pas complètement dépaysé : les Burundais y sont omniprésents. Des jeunes exilés de la crise de 2015 tentent d’y gagner leur vie et de se reconstruire. Témoignages.

Pour la plupart de ces jeunes, ils n’ont pas eu l’occasion de continuer leurs études et la vie dans les camps de réfugiés s’est avérée impossible. Alors, ils ont rejoint ces villes pour se débrouiller.

Claude* est âgé de 33 ans. Licencié en économie à l’Université Lumière de Bujumbura, il est venu au Rwanda au mois de janvier 2016. La vie n’a pas été facile pour lui et sa famille qu’il venait de fonder à peine un mois avant la crise de 2015. Il est devenu chauffeur dans l’une des agences de transport qui relient Butare-Kigali. «Grâce à un maigre salaire de 150 mille francs rwandais par mois, je parviens à joindre difficilement les deux bouts du mois», confie-t-il.

Par contre, Yvette* a vu dans l’exil le moyen de concrétiser ses rêves. Cette jeune femme s’est associée à d’autres jeunes Burundais vivant à Masaka et Kigali pour fonder une petite entreprise qui assure les services funèbres. «J’avais ce projet depuis que j’étais à Bujumbura, mais je n’avais pas encore pu le démarrer», témoigne-t-elle. Aujourd’hui, cette petite entreprise lui permet de  subvenir à ses besoins sans compter sur une quelconque aide.

Dieudonné* est un jeune de 31 ans qui venait juste de terminer son ingéniorat en agronomie à l’université du Burundi avant de s’exiler une semaine après les attaques des camps militaires, le 11 décembre 2015. Les chances de survivre au Rwanda ne lui ont pas souri. «Là-bas, la vie est trop chère!», s’exclame-t-il. Il s’est donc déplacé pour Mbarara, une province du sud de l’Ouganda. «Depuis plus d’une année, je passe mon temps à faire des contrôles et des suivis des plantes dans les champs de culture d’un entrepreneur ougandais». Avec ce travail,  il parvient à satisfaire les besoins de sa famille nouvellement fondée et résidant à Rwebikona.

Marlène*, une jeune fille de 24 ans, dit avoir assisté à l’enlèvement de ses deux frères en février 2016 à son domicile à Nyakabiga. «L’un était comme le père de cette famille car nous sommes  orphelins», confie-t-elle. Elle décide donc de rejoindre ses amies à Kampala de peur qu’elle soit elle aussi enlevée. Aujourd’hui, sa vie est précaire. Comme elle n’a pas pu continuer ses études universitaires, elle est devenue serveuse dans un bar à Namugongo et arrondit ses fins de mois en donnant des faveurs sexuelles rémunérées aux clients de ce bar. Elle peut toucher  5 à 8 000 shillings ougandais par jour.

Évariste*  est un jeune homme de 30 ans qui a quitté Bujumbura deux jours après les attaques du 11 décembre 2015. Il prend la route vers Nairobi. Il n’aura pas la chance de continuer ses études universitaires qu’il allait boucler en TIC à l’université du Burundi. Arrivé dans la capitale kényane, il fait tout pour avoir un petit travail en rapport avec ce qu’il a appris mais en vain. Il  finira par s’associer à d’autres jeunes Burundais pour ouvrir un petit magasin de vente et réparation de téléphones et d’ordinateurs. Depuis, sa vie semble aller au bon train.

Ces jeunes ne sont qu’une infime partie de la population burundaise qu’on rencontre dans les villes de la sous-région. Certains font prospérer ces pays d’accueil en faisant du business et des projets de développement, tandis que d’autres croupissent dans ces rues, désœuvrés. Mais tous rêvent d’une seule chose : rentrer au pays.

*les noms ont été modifiés pour des raisons d’anonymat

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