La finale du « Prix du jeune lecteur néerlandais, édition 2018 », c’était ce 14 mars, à Gouda (Pays-Bas). Et le Burundi était à l’honneur à travers le beau ‘’Petit pays’’, roman de Gaël Faye. Retour sur l’ambiance qui y régnait, décrite par la blogueuse Gratia Ancilla Ndikumana.
Quand j’ai reçu l’invitation de participer à la finale du ‘’Prix du jeune lecteur néerlandais’’, je doutais un peu. Je n’étais pas sûre d’être à la hauteur. Je me disais que ça n’allait pas marcher. Je ne voyais pas comment je remplacerais Gaël Faye, l’auteur, qui ne pouvait pas s’y rendre suite à son agenda chargé. Mais j’ai quand même accepté ! Courtoisie ou honneur, allez savoir. Après tout, ce n’était que pour parler de ‘’Petit pays’’, ce roman que j’ai tant aimé lire. Ce roman qui a parlé de moi, de chacun de mes compatriotes. Ce roman qui nous a fait revivre ce que le Burundi a de plus beau, ensuite ce qu’il a de pire. Mais les dés étaient jetés, j’ai joué le jeu. J’ai pris le risque, j’ai représenté les blogueurs de Yaga.
Une des organisatrices de l’évènement est venue me chercher à l’hôtel, à Amsterdam, et nous avons fait une heure en train. Nous avons longuement discuté de l’Afrique, du Burundi, d’un peu de tout. Arrivée à Gouda, au Lycée, j’étais surprise à la fois par les professeurs et les élèves. Tout était bien organisé, harmonieusement. Les élèves et monsieur Joran Van Hooijdonk avaient fait un excellent travail dans l’aménagement de la salle.
Et la cérémonie a débuté avec deux jeunes lycéens, interprétant la chanson ‘’Petit pays’’ de Gaël Faye et Francis Muhire. J’étais assisse devant, hébétée car partagée entre plusieurs émotions, c’était ahurissant comme ils chantaient, jusqu’aux paroles en kirundi ‘’Gahugu gatoyi…warapfunywe ntiwapfuye …waragowe ntiwagoka.’’ J’aurais été eux, j’aurais zappé cette partie. Ils ne l’ont pas fait. C’est clair qu’ils sont plus patients (lol). Je me demandais le temps que ça leur avait pris pour l’apprendre par cœur. Waouh ! J’étais juste impressionnée. Et Tob Juland, l’artiste camerounais avec son rap Racines était la cerise sur le gâteau.
Pour la partie ‘’Petit pays adapté au théâtre’’, je n’en revenais pas. Ils ont vraiment mis beaucoup de sérieux dans les préparatifs. Chapeau à eux ! Je les remerciais intérieurement pour toutes ces belles émotions. Pour notre «Petit pays » à qui ils avaient rendu sa grandeur.
Et enfin, la remise des prix aux gagnants, par catégorie. Là, alors, je ne m’y attendais pas du tout. Des lauréats témoignant que ‘’Petit pays’’ a changé leur vie et que dès lors, la seule identité qui compte était celle d’être un bon être humain ! Qui l’aurait cru ? Mais c’est simple : les lycéens se sont approprié le roman et en ont fait leur petit bijou. Ça m’a fait réfléchir sur l’impact que nos écrits peuvent avoir sur le monde. So, Yes ! We can run the world !
A relire : Ce « Petit pays » qui me rappelle mon enfance !