Le 6 février de chaque année est célébrée la journée mondiale sans téléphone mobile. À cette occasion, on propose de passer trois jours d’affilée sans téléphone mobile, pour faire un test afin de voir si réellement l’on peut passer plus de 48h sans être connecté au reste du monde. « Une mission impossible pour la plupart d’entre nous », estime le blogueur Carrel Ntunga.
Actuellement, la plupart des citadins au Burundi possède un smartphone. Certains sont de qualité, d’autres sont « chinois » comme on aime le signifier ; mais tous sont pratiques. Maintenant, personne n’a plus besoin d’aller dans les cyber-cafés. Toutes les recherches peuvent se faire sur les smartphones. Avec l’accès aux réseaux sociaux sur nos mobiles, tous les amis s’y rencontrent et c’est plus facile de discuter sur Whatsapp que de se rencontrer à tout bout de champ. On peut rester peinard chez soi et tenir plus de dix conversations à la fois. Dire que l’on peut passer plus de 48h sans toucher un téléphone mobile, c’est impensable.
Même pour les chômeurs, il est devenu plus pratique de poursuivre tous les appels d’offre de travail, de piges, des formations en cours par ci par là grâce au téléphone portable. Pour ceux qui aspirent aux études, des informations de bourses en ligne passent maintenant par les réseaux sociaux, et avec nos smartphones, ça leur facilite la tâche.
Au-delà de ça, les applications qui se retrouvent dans nos Androïdes rendent plus facile la vie de tous les jours. Maintenant, plus besoin d’aller consulter la météo à la télé, nos appareils peuvent le faire. Plus besoin de chercher des cartes pour se diriger, il y a Google map. Plus besoin d’aller sur nos ordinateurs pour consulter nos mails, nos comptes Gmail peuvent être synchronisés avec nos smartphones. Plus besoin de dictionnaire, Google traduction est là. Pour les étudiants, avec l’application WPS, tous les devoirs peuvent se faire grâce au Microsoft Word. À croire que le mobile d’aujourd’hui remplace carrément l’ordinateur. D’où son appellation, « Smartphone », téléphone intelligent. Donc, difficile de se passer de notre « touch ».
Le revers de la médaille
La nouvelle technologie, aussi attirante soit-elle, a aussi ses inconvénients. Son impact négatif sur la vie sociale est assez considérable. On serait même des millions d’utilisateurs à être atteints de nomophobie, une nouvelle pathologie traduisant notre addiction au téléphone mobile. Et les conséquences vont du plan psychologique, relationnel, etc.
Aujourd’hui chez nous au Burundi, il est possible de rencontrer des gens de même famille passer plus d’un mois sans se rendre visite soi-disant qu’ils se parlent souvent à travers les réseaux sociaux. Autre exemple très courant, dans plusieurs ménages de la capitale, on voit des parents qui rentrent de travail le soir et s’installent avec leurs enfants dans le salon. Après que les banalités soient dites, tout le monde sort son tactile de sa poche et c’est le silence qui s’installe. Il se peut que quelqu’un aperçoive sur l’un des réseaux sociaux une histoire, une photo ou une vidéo marrante à partager à tout le monde et peut ainsi créer un sujet de conversation de la soirée. Sinon, cette dernière se terminera toutes les têtes plongées dans les écrans des smartphones.
Si nous portons un regard réfléchi et observateur devant toutes les prouesses numériques et autres, nous ne pouvons qu’admirer le progrès effectué pour et par l’humanité. Mais d’un autre coté si nous arrivons à garder notre regard critique sur les choses (et c’est heureusement encore le cas), nous sommes capable de voir les multiples vices que peuvent occasionner ces engins. En tant qu’être humain, il faut que nous soyons capables de prendre du recul de temps en temps lorsque cela devient trop excessif.
Il est vrai que, pour les nouvelles générations, ce mode de vie nous est tellement devenu naturel et indispensable parce que pour suivre le rythme de la société il faut toujours être « à la page ». Et cela fait que ça devient difficile même de s’en passer juste 48h. La question à se poser maintenant est : « Est-ce possible que nous soyons indépendants de ces nouvelles technologies ? » Ce n’est pas une journée mondiale sans téléphone qui pourra changer quelque chose, mais tout de même c’est un premier pas. Ce qui est et sera déterminant pour l’avenir commun de la technologie et de l’homme est que la technologie ne fasse pas perdre l’identité des gens et ne donne pas lieu à un phénomène de déshumanisation et de manipulation.
A relire:
- Une lettre à mon smartphone
- Le smartphone, catalysateur moderne du sexisme?
- « J’ai été victime des images qui sont dans mon téléphone »