Une jeune fille, une femme mariée, un point commun : elles sont toutes les deux tombées enceintes sur le banc de l’école. Elles s’expriment sur la récente mesure du ministère de l’Éducation de bannir du système éducatif formel « les jeunes filles victimes d’une grossesse ».
« Mettre au monde étant toujours au banc de l’école ne signifie pas que tu es moins intelligente. Cette mesure est injuste et discriminatoire », confie Carrelle, une jeune fille finaliste du lycée du Lac Tanganyika. Après avoir donné naissance à un garçon qui maintenant fréquente déjà l’école, Carrelle a réintégré le système éducatif et espère bientôt décrocher son diplôme dans la section des sciences.
La jeune femme croit en un avenir meilleur et se sent prête à contribuer au développement de sa famille et son pays malgré l’incident.
Anna, quadragénaire et mère de quatre enfants, considère cette mesure comme un fardeau lourd à porter : « Tout le monde a déjà commis une erreur ou subi un échec. Mais après on se relève, boitille et on finit par marcher comme avant ou même plus rapidement ».
Elle livre son témoignage : « Quand j’étais à l’école secondaire, Je me suis retrouvée dans une relation avec un ami de classe. Par accident, je suis tombée enceinte. C’était en 1992 et le regard de la société dans ces temps était plus dur. J’ai été chassée de la maison, c’était une honte pour toute la famille. C’est ma belle-mère qui m’a accueillie. Elle était très gentille et après une année, elle a gardé l’enfant et je suis retournée à l’école.»
Un incident n’est pas synonyme d’échec définitif
Anna est aujourd’hui cadre au ministère de l’Agriculture et de l’élevage. Elle vit avec le géniteur de son premier enfant et ils ont déjà eu ensemble trois enfants. Elle se demande quelle serait sa vie si elle n’avait pas eu comme ange gardien sa belle-mère et la chance de continuer l’école.
Mais elle tient à recadrer : « Je ne te livre pas mon témoignage pour encourager les enfants à emprunter le même chemin. Mais on doit être compréhensif et flexible. Il ne faudrait pas faucher la vie de ces jeunes filles à cause d’un simple accident ».
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Pour elle c’était un incident, mais pour la plupart, c’est suite à un crime (viol) ou à un délit (exploitation et abus sexuels) qu’elles tombent enceintes. Cette mesure montre combien il y a des personnes qui sont instruites (PhD, Doctorat, etc) comme la ministre mais qui sont ni éduquées ni cultivées.