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Fermeture des radios au Burundi: qui en souffre le plus ?

2015 a vu la destruction d’une grande partie de la presse parlée au Burundi. Si certains ont rouvert par la suite, d’autres n’ont pas eu cette chance. En mai 2018, deux célèbres radios internationales, VOA et BBC, ont à leur tour été interdites de diffusion sur le territoire national. « Qui en souffre le plus ? », s’interroge la blogueuse Bella Lucia Nininahazwe.

Depuis 2015, le secteur médiatique au Burundi boite. Et si les plus chanceux ont pu se procurer des béquilles en faisant recours aux réseaux sociaux et à internet, la population surtout rurale souffre de cette fermeture et suspension des stations radios. J’ai rencontré  deux Burundais qui s’informaient via leurs postes transistor.

Albert est un quinquagénaire, enseignant à l’une des écoles primaires de la province de Rutana. La fermeture de voix d’Amérique a été pour lui une très mauvaise surprise : «Chaque matin, je tournai l’aiguille de ma radio jusqu’à  95.2 MHz pour écouter le journal matinal. La voix d’Amérique était la seule station qui me restait où je pouvais écouter une information sûre et professionnelle. Sa fermeture a chamboulé le cours ma vie».

Albert fustige une certaine volonté de leur priver de l’information de la part de l’administration. « Je ne comprends pas pourquoi elle ferme si brusquement les radios. Ces dernières peuvent commettre des erreurs mais au lieu de les fermer, le dialogue serait le moyen le plus adéquat car c’est la population qui en souffre».

Quant à un autre professeur de la commune Rugazi dans la  province Bubanza, la suspension de ces deux chaînes internationales ressemble à une punition pour lui. « Je pouvais écouter l’actualité internationale sans rien dépenser. C’est dur comme décision ».

Aux âmes bien nées…

Si les radios internationales VOA et BBC n’ont plus le droit d’émettre depuis le 7 mai dernier, leurs canaux shortwaves, les Facebook live et autres nouvelles technologies sont toujours fonctionnels. Ceux qui ont la chance de côtoyer les réseaux sociaux peuvent toujours écouter ces stations. Mais qu’en est-il de ceux qui n’ont pas accès à internet ?

Un petit regard en arrière. En 2015, des radios ont été brûlées, d’autres sommées à la fermeture suite à la crise qui prévalait dans le pays.

Alors qu’un enfant de la campagne pleure le « Club de midi » qui  l’aidait à approfondir ses connaissances générales, le plus nanti ne s’en soucie guère car à la télé,  il a « Questions pour un champion » ! Il peut aussi browser sur Youtube et regarder les concours d’éloquence. Et que deviendra ce petit campagnard qui comptait sur « Eurêka je trouve » pour apprendre qu’il existe des  fleuves et des lacs autres que les petits marais qu’il connaît sur sa colline natale ? Un monde rempli d’obscurité s’est offert à lui.

Le Burundi est un pays où les connaissances se transmettent de bouche à oreille, aiment dire certains. En attendant le retour de nos radios, contentons-nous d’écouter nos grands-mères et grand pères nous raconter combien le colon était une méchante personne.

 


A relire : Au Burundi, la presse ne rime plus avec liberté

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