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L’éducation scolaire devient-elle hors de prix ?

Le 10 septembre 2018, c’était la rentrée scolaire. Une rentrée un peu différente des autres, en ce sens qu’une certaine ordonnance ministérielle conjointe est venue changer la donne quant aux frais à payer, au grand dam des ménages.

Contrairement à une certaine circulaire du ministre de l’Éducation qui avait défrayé la chronique (et à forte raison),  l’ «ordonnance portant réglementation des frais scolaires et autres contributions des parents dans les écoles fondamentales, post-fondamentales générales, pédagogiques, techniques, paramédicales et dans les centres d’enseignement des métiers et de formation professionnelle publics et privés » est passée comme une lettre à la poste alors que certains de ses articles sont discutables.

À titre illustratif, celui qui fixe à 43.000 Fbu les frais de scolarisation pour les élèves à  régime d’internat (art. 6) alors qu’avant, ces frais oscillaient entre 10000 Fbu et 15000 Fbu dans la plupart des écoles publiques à régime d’internat.

Les 43.000 Fbu, parlons-en justement

Eut égard à la santé financière de pas mal de familles burundaises, ces 43.000 Fbu ne sont pas ce qu’il y a de plus supportable. C’est du moins les inquiétudes de Pierre, habitant de la province Makamba et père de trois élèves internes dans un des lycées de  la province Bururi : « Avec un revenu illusoire à ma disposition, il est inconcevable que je puisse m’acquitter de ces frais de scolarisation. J’ai dû changer d’école pour deux d’entre eux. Déjà, payer les 15000 Fbu pour chacun était un casse-tête, imaginez maintenant avec les 43.000 Fbu! Et je ne suis pas le seul dans ce pétrin, des voisins ont opéré le même choix. »

De l’avis de Roxanne, désormais ex élève interne dans un des lycées situés en province Muramvya, cette ordonnance est tout sauf salutaire sur certains aspects : « Voyez-vous, je ne peux pas applaudir une telle ordonnance, moi qui ai dû faire la croix à l’internat parce que mes parents sont incapables de débourser les 86.000 Fbu pour ma petite sœur et moi. Avec des  conséquences que cela engendre en terme de qualité de l’éducation».

Pour l’année scolaire 2017-2018, ces frais étaient passés de 8000 Fbu à 15 000 Fbu, donc à peu près le double. Aujourd’hui, ils ont presque triplé pour atteindre 43 000 fbu.

Réglementer, mais…

De cette ordonnance, Edouard Ndikumasabo, président de l’association des parents, des élèves et des étudiants estime qu’eut égard aux problèmes financiers que connaissent les familles burundaises ces deniers jours, ce n’est pas opportun de revoir à la hausse les frais scolaires pour les élèves internes. Passer de 15000 Fbu à 43000 Fbu c’est un peu exagéré. Et de déplorer la non-consultation des parents pour ce genre de décision qui les concernent directement.

Ces inquiétudes d’Édouard Ndikumasabo sont partagées par David Ningaza, directeur du centre de la protection des enfants à la SOJPAE en même temps président du comité de parents dans une école en mairie de Bujumbura. Selon lui, beaucoup de familles burundaises vivent actuellement une situation financière délicate qui ne leur facilite pas la tâche. Avec cette hausse des frais de scolarité pour les internes, beaucoup sont donc obligés de changer d’écoles, ce qui a un impact négatif sur la qualité de leur éducation.

Pour moi, s’il est vrai que la réglementation est de la responsabilité des pouvoirs publics, le mieux serait qu’elle soit l’objet de consensus et faire en sorte que les enfants pauvres mais intelligents ne soient pas victimes de leur pauvreté.

 


A relire : Éducation : à quand la fin des décisions à la va-vite ?

 

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