Le 28 juin, une circulaire tombe sur les réseaux sociaux : les filles « victimes » de grossesse et les auteurs de ces grossesses ne pourront plus réintégrer le système éducatif formel. La nouvelle a un goût amer pour plus d’un. Parents, activistes, experts en éducation, tous s’inscrivent en faux contre une décision qui n’est pas, selon eux, bien pensée. Un mois après, une nouvelle circulaire demande à la commission concernée de recevoir les jeunes filles victimes de grossesse qui souhaitent réintégrer l’enseignement formel. Une bonne nouvelle, non ?
« Prendre une décision et la suspendre en moins d’un mois n’augure rien de sérieux. La prochaine fois qu’elle prendra des décisions, ce sera difficile de la prendre au sérieux», se désole une maman d’une trentaine d’années. Pour elle, la ministre de l’Éducation devrait prendre des décisions qu’elle est capable d’assumer au lieu de sortir un communiqué pour le contredire plus tard. Cette jeune maman semblait avoir apprécié la décision d’interdire la scolarité aux filles enceintes et à leurs partenaires.
Marthe, une quadragénaire, n’est pas du même avis : « J’ai beaucoup apprécié la décision de suspendre la mesure. La ministre a réfléchi comme ‘‘Umuvyeyi’’. Toutes les jeunes filles ne donnent pas naissance parce qu’elles se comportent mal. Il y a celles qui sont victimes des viols et manipulations et c’était une double punition pour ces dernières ».
Martha pense que le fait de prendre une décision et la suspendre un mois plus tard témoigne du caractère compréhensif de la ministre : « Elle a eu la sagesse d’écouter et lire les critiques et conseils des uns et des autres. C’est une sagesse incontestable de la part de la ministre ».
Un besoin d’une commission ?
Pour Godeberthe (pseudo), la mesure de surseoir à la décision du 26 juin témoigne de l’immaturité de certaines des décisions prises au sein du ministère de l’Éducation : « La décision en soi était terrible, discriminatoire et irréfléchie. Certaines des décisions prises au sein du ministère de l’Éducation ne font que dévaluer l’éducation au lieu de l’améliorer ».
Chantal, une quinquagénaire, n’y va pas par quatre chemins : il y a un besoin criant d’une commission mixte. Selon elle, la ministre ne peut pas à elle seule prendre des décisions qui vont se répercuter sur la vie de toute une génération : « Une commission mixte faite d’experts en enseignement, syndicalistes et parents devrait être mis en place pour prendre et mûrir chaque décision ». Elle ajoute que même certaines des décisions récemment prises par la même ministre devrait être revues.
Un avis partagé par un enseignant de l’écofo Ngagara 2. Ce dernier regrette le fait qu’ils soient exclus dans la prise de décisions :« C’est dommage qu’on n’ait pas notre mot à dire sur les décisions à prendre. Étant sur terrain, nous sommes les premiers à voir ce qui est nécessaire et à souffrir des effets de ces décisions en tant que parents et éducateurs ».
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