Dans le temps, l’éducation du jeune murundi et de la jeune murundikazi était assurée par les parents, respectivement le père et la mère. Elle se faisait en général les soirs autour du feu, chaque parent s’arrangeant pour initier son élève à l’écart de l’autre. Aujourd’hui, tout a changé, et pas pour le mieux.
Plusieurs parents burundais se plaignent de la difficulté à éduquer leurs enfants aujourd’hui. En tant que parent, j’ai envie de leur rétorquer que c’est en grande partie de leur faute. Dans la plupart des foyers, il n’y a plus beaucoup d’occasions de se retrouver autour du feu, l’habitat ayant changé. En plus, les rôles se sont dilués et ont disparu, les deux parents n’ayant plus de temps à consacrer à l’éducation de leurs enfants. Ce rôle semble aujourd’hui dévolu aux « yayas » (bonnes).
Les institutions à orientation éducative, désemparées, insistent pour que les parents soient plus responsables de l’éducation de leurs enfants. Mais l’éducation des enfants aujourd’hui ne passe plus par leur initiation par les parents. Les spécialistes préconisent plutôt le dialogue. En effet, les valeurs à transmettre aux enfants ne sont pas nécessairement vues de la même façon par les parents et les enfants. Les valeurs ont tellement changé aujourd’hui que les parents, préoccupés par la recherche de la ration journalière, n’ont plus le temps de s’occuper des valeurs à transmettre à leurs enfants, et ces derniers ne recherchant que la satisfaction immédiate des besoins physiologiques. Les deux n’ont plus beaucoup d’occasions de se voir. Les enfants sont supposés faire leurs devoirs dans leurs chambres, n’en sortant que pour passer à table avant que les parents ne rentrent. Pour remédier à cela, parents et enfants instaurent des plages de rencontre une ou deux fois par semaine au cabaret, mais même là, les enfants s’ennuient et fuient la compagnie des « vieux ». Ils préfèrent dialoguer avec leurs smartphones qui les occupent énormément. Il est donc difficile d’avoir un dialogue éducatif entre parents et enfants au Burundi aujourd’hui.
Mais faudrait-il alors tout laisser tomber et laisser nos enfants s’éduquer eux-mêmes ? Pas du tout. Ce que les jeunes parents peuvent faire, c’est engager des assistant.e.s maternel.le.s qui connaissent leur métier et savent inculquer les bonnes manières aux jeunes enfants dont ils ont la charge. L’éducation moderne est par ailleurs un grand concept renfermant beaucoup de notions, qui échappent souvent à la plupart des parents. Ces derniers ont parfois recours au bâton pour s’imposer face aux enfants. Et ce n’est pas de l’éducation.
A relire : La fessée : forme d’éducation au Burundi