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Droits de l’Homme : la Tanzanie serait-elle sur les traces du Burundi ?

Sur la grande scène politique, le Burundi est un peu comme cet aventurier intrépide auquel on voulait ressembler dans notre jeunesse. Et ces derniers temps, beaucoup de pays semblent vouloir l’imiter. En tête de peloton, la Tanzanie de Pombe Magufuli.

Le 25 mars 2018, vingt-cinq évêques de l’Église protestante luthérienne, la plus influente de cet immense pays, accusent le régime de Magufuli de semer la peur. Multiplication des enlèvements, disparitions, actes de torture et meurtres contre des opposants politiques sont entre autres cités comme source d’inquiétude. En février 2018, c’était l’Eglise catholique tanzanienne qui tirait la sonnette d’alarme. Elle reprochait au gouvernement d’avoir interdit ou suspendu des médias trop critiques. Même l’Union Européenne s’inquiète de la hausse des violences à caractère politique.

Inquiétudes fondées !

On ne plaisante pas avec John Magufuli, le président de la Tanzanie,  en tout cas pas sur les réseaux sociaux. Depuis l’adoption d’une nouvelle loi contre la cybercriminalité, les Tanzaniens doivent se tenir sur Twitter ou WhatsApp au risque de se voir condamnés à de la prison ferme.

Petit à petit, les libertés d’opinion et d’expression sont réduites. Des stations radios sont suspendues, des journaux fermés, et les opposants politiques sont menacés ou emprisonnés. En septembre 2017, le député Tundu Lissu, numéro deux de l’opposition au parlement, s’est d’ailleurs fait tirer dessus. Il est toujours hospitalisé. Même des artistes sont arrêtés accusés d’ « insulte au président », « diffusion des messages incitant à la violence »,… En cette année de 2018, le président tanzanien a encore frappé : « Les activités politiques, notamment les débats, meetings et manifestations sont suspendus jusqu’aux prochaines élections en 2020 ». Le 16 février 2018, au cours d’une tentative de manifestation, une étudiante de 22 ans qui ne participait pas au rassemblement a été tuée « par une balle perdue » de la police. Le 26 février 2018, deux membres du Chadema, principal parti de l’opposition, sont condamnés à cinq mois de prison pour outrage au chef de l’Etat. Ce 27 mars 2018, le président du Chadema, est à son tour inculpé pour « appel à la haine et incitation à la rébellion ».

Une copie conforme à l’originale

Secouons un peu la mémoire! La liberté de presse bafouée, les médias fermés, les journalistes harcelés, les opposants emprisonnés, l’interdiction de manifester, les arrestations, les détentions arbitraires, les disparitions forcées,…pour un Burundais, cela a des airs de déjà-vu, et on s’inquiète.

Mais cela vaut-il le coup de s’en faire vu que pour une fois, on semble influencer les autres ? Déjà en 2016, le Burundi ouvrait le bal en claquant la porte de la CPI. L’Afrique du Sud et la Gambie l’ont imité, mais n’ont pas eu assez de « courage » pour aller jusqu’au bout.

Le Burundi semble aussi avoir déteint sur un autre voisin. Brandissant le blouson de financer les élections de 2020, la RDC imite en assurant qu’il financera ses élections de 2018. Quant à Joseph Kabila, s’il brigue un autre mandat, je crois qu’il sera sur les traces de quelqu’un qu’on connaît intimement. Quelqu’un qui semble être très ami avec un certain John Pombe Magufuli, vu que ce dernier a été le premier à le convaincre de quitter le territoire national pour la première fois depuis 2015.

 


A relire : Le Rwanda et la Tanzanie se rapprochent. Et le Burundi ?

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