Nous entendons souvent parler de constructions démolies, d’expulsion, de relocalisation, mais qui sont les vrais responsables de ces situations ?
Il est 10 h passé de quelques minutes, le ministre de l’Environnement, celui de l’Intérieur, une commission du ministère de la Sécurité publique et celle du ministère des Travaux publics arrivent pour constater les constructions autour de la station d’épuration des eaux usées de Buterere, accompagnés d’un groupe de journalistes. Sur le lieu, un groupe de personnes, aux visages crispés d’ennui et de tristesse les attendent. La confusion se lit sur leurs figures. « Vont-ils démolir nos maisons ?», se demandent-ils en sourdine.
Un représentant d’une commission mise en place pour étudier la question de ces constructions donne les résultats de leurs enquêtes et l’état d’avancement du processus. Il a à peine terminé de dresser le bilan qu’une jeune femme, avec une émotion mal dissimulée, insiste pour qu’on lui donne la parole. « Peut-être qu’on nous considère comme des fautifs, peut-être que nos maisons vont être démolies d’ici peu, mais j’aimerais juste apporter quelques clarifications sur notre cas », dit-t-elle, des trémolos dans la voix.
La jeune femme, avec un tas de documents qu’elle feuillette de temps en temps, tente d’expliquer la genèse de sa parcelle, présente les documents, montre les permis de construire, lit des textes,… Elle semble déterminée et n’eut été le ministre lui-même, personne n’aurait pu l’arrêter. « Nous n’avons enfreint aucune loi », conclut-elle.
Une zone qui ne devrait pas être occupée
Le ministre de l’Environnement a récemment déclaré que désormais la question des constructions anarchiques autour de cette station d’épuration des eaux usées est une urgence et doit être résolue dans les meilleurs délais. Pour le ministre, cette zone est invivable pour deux grandes raisons: la zone est inondable et l’air que dégage la station est nuisible pour la santé de l’homme.
Il est vrai que la station d’épuration dégage une odeur pestilentielle, mais de très belles maisons d’habitation entourent le lieu. La question serait de savoir comment ces gens parviennent à cohabiter avec cette odeur nauséabonde, mais à voir leurs visages, je n’ose pas leur poser la question.
Pour les spécialistes faisant partie de cette expédition, la zone tout autour devrait constituer un jardin d’arbres. Ces derniers fourniraient l’oxygène pour neutraliser le gaz carbonique dégagé par la station lors du traitement des eaux usées. Et pour y arriver, on devrait logiquement procéder à la démolition des constructions aux alentours.
À qui la faute ?
La démolition des maisons pour ces gens de Buterere est un mot qui ne passe pas. Ils affirment avoir toutes les autorisations et on les comprend parfaitement. Investir, prendre des crédits pour s’entendre dire « dégage », révolterait plus d’un.
Actuellement, leur cas n’est pas unique. Des maisons poussent comme des champignons dans des zones jugées inhabitables de la capitale, mais dans la plupart des cas, les propriétaires détiennent des autorisations fournies par l’administration.
Quand le gouvernement se dit déterminé à en finir avec ces constructions anarchiques, n’est-ce pas une sorte de contradiction ? Quant à l’indemnisation, n’en parlons pas. À Gasenyi II, ils ont depuis plus d’une année les yeux braqués vers le ciel. Alors, comme dirait l’autre, «autant prévenir que guérir ». L’État devrait donc être plus regardant dans l’octroi des parcelles.
A relire : Indemnisation des expulsés de Gasenyi I : des promesses en l’air ?