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Burundi : il est temps de se défaire de l’esclavage des sponsors

Au Burundi, plusieurs initiatives ne démarreraient pas faute de sponsors. Si certains bailleurs se montrent réticents à financer de parfaits inconnus, même le contexte économique constitue un frein. « Faut-il alors baisser les bras ? », s’interroge le blogueur Yannick Ndayisaba.

Le samedi 10 février, plusieurs jeunes de la capitale avaient interrompu leur grasse matinée pour aller habiller Sororezo. Tenues de sport, un peu d’air dans les poumons et de l’énergie dans les mollets pour braver la pente qui mène vers cette colline qui surplombe la capitale pour y planter 6 000 plants de greveria. D’ici quelques années, cet endroit pourrait offrir un paysage aussi vert que merveilleux.

Au crédit de l’initiative, Dusharize Uburundi entreprise par vingt-trois associations. Il faut ajouter le mérite de l’avoir exécuté sans avoir déniché un seul sponsor. L’adage kirundi ne dit-il pas : « Ak’imuhana kaza imvura ihise » ? Un tel esprit  devrait interpeller la conscience de tout jeune sur la valeur du réseautage.

Lesdits jeunes n’ont eu autre motivation que celle de secourir cette terre opprimée qui « gémit en travail d’enfantement » et de la protéger pour les générations à venir. Un travail qui remplit de fierté et d’espoir le fervent défenseur de l’environnement, Albert Mbonerane, qui s’était joint aux activités.

L’union fait la force

Lors de la préparation d’une activité d’une telle ampleur, la question de la chasse aux sponsors ne manque jamais. Mais, à moins qu’on ne veuille condamner son initiative à moisir dans le tiroir, mieux vaut ne pas en faire un passage obligé. Le temps de préparation et l’état des chiffres d’affaires de certaines entreprises  jouent souvent contre les organisateurs.

En effet, l’activité n’aurait jamais eu lieu si les organisateurs avaient attendu de probables « sponsors ». Par contre, ils ont préféré s’associer entre eux et mettre à disposition du groupe leurs ressources respectives. Ce réseau des associations a eu le mérite de capitaliser l’unité et la détermination de ses membres pour mener à bon port cette initiative. Imbus de valeurs citoyennes et altruistes, ils se sont attelés à cette initiative tels des soldats (contre la détérioration de l’environnement).

Ainsi, le jeune ami de la nature Jadot Nkurunziza ouvrira les portes de sa pépinière, la Miss Annie Bernice  n’hésitera pas à mettre ses mains à la terre, chacune des associations mobilisera en moyenne une vingtaine de membres, et tous concourront à l’édifice de cette belle initiative. Et pour couronner  le tout, le collectif Shaquart fit une démonstration illustrative de tout le travail qui venait d’être abattu. Avec quelques pièces de charbons collectées sur place, du talent dans les veines et un peu de bon sens, l’équipe fait atterrir l’image du Prince au milieu d’un terrain de Basket. Nul besoin de sponsor.

Un double mérite

Et si finalement la clé se trouvait dans la synergie ? Beaucoup d’entre nous sont ceux qui se transforment en mendiants-quémandeurs de sponsors quand sonne l’heure d’organiser un événement. Mais, peu d’entre nous pensons à mettre à profit notre potentiel, sinon s’associer à ceux qui peuvent nous compléter. D’où la question : n’arrive-t-il pas que l’idée de sponsors enclave notre cerveau et détourne notre concentration de notre véritable potentiel ? Pourquoi ne pas dépasser, des fois, cette limite et faire des sponsors un plan B, pourquoi pas  C ?

 


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