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Burundi : la diaspora peut-elle contribuer au développement dans le contexte actuel ?

Le ministère des relations extérieures  compte organiser au mois de juillet une semaine de la diaspora  avec  comme thème « Contribution de la diaspora au développement». Une occasion pour la diaspora selon le  ministère de s’impliquer davantage dans développement de leur pays d’origine. Cependant, au regard des divisions dans notre société, peut-on espérer quelque chose de cette semaine ?

C’est un secret de polichinelle. La diaspora burundaise est clivée et n’émet pas sur la même longueur d’onde quand il s’agit des affaires qui concernent leur « royaume du tambour». Les crises politiques répétitives aidant, cette  diaspora ne parvient pas à parler d’une seule voix, ne fut-ce que sur des questions économiques. Ici et là nait une panoplie d’associations de la diaspora aux sensibilités politiques différentes. Ce qui fait qu’il n’y a pas de structure qui fédérerait notre diaspora comme c’est le cas ailleurs.

Sous d’autres cieux, le rôle de la diaspora dans le développement n’est plus à prouver. Mis à part les transferts d’argent, leur savoir-faire se révèle être d’une importance capitale. Certains pays ont même un ministère de la diaspora. C’est dire son importance.  

Pierre d’achoppement

C’est vrai, au Burundi, l’on ne saurait pas nier l’existence des initiatives de la diaspora, mais son caractère disparate n’arrange pas les choses. Cette désunion de la diaspora est certes à mettre au crédit d’abord d’elle-même. Toutefois, il faut aussi chercher du côté des pouvoirs publics qui des fois entretiennent ces divisions et ne font quasiment rien pour changer la donne. Et contrairement aux autres pays (même ceux de la région), Bujumbura se rend rarement à sa rencontre pour des opérations de séduction. Un voisin (j’ai nommé celui de l’outre de la Kanyaru), l’a compris et organise chaque année la  journée dite Rwanda Day, (http://www.newtimes.co.rw/section/read/213803), afin de garder contact avec sa diaspora. Et ce n’est pas sorcier, le Burundi peut aussi le faire. Ce n’est qu’une question de diplomatie.

Une autre dimension non moins importante est venue comme pour enfoncer le clou. Celle du troisième mandat. Car, parmi la diaspora burundaise, aux défenseurs de ce troisième mandat s’opposent ses pourfendeurs qui n’ont que faire de la politique en cours au Burundi. Ces derniers, parier qu’ils ne répondraient pas à cette semaine de la diaspora ne serait pas exagéré.

La balle est dans le camp du pouvoir de Bujumbura

Il ne faut pas se leurrer. Comme l’a si bien dit Félix Houphouët Boignit, l’économie est la fille de la politique. Cela vaut aussi pour le Burundi. Pour une réelle implication de la diaspora dans le développement, il appartient au gouvernement de prendre le devant, de mener des opérations de charme à son endroit.

Mais, il faut le dire aussi, tant que la crise  politique actuelle restera pendante, difficile d’espérer des exploits de la diaspora, une diaspora divisée à  l’image des burundais qui vivent au Burundi. C’est donc au gouvernement d’être au-dessus de la mêlée, de permettre le dénouement de la crise en cours pour voir sa diaspora parler d’une seule voix, au moins  pour des questions d’intérêt national.

 


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