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Burundi : les journalistes face au « syndrome du porte-parole muet »

Depuis quelques années, le gouvernement du Burundi a développé l’institution des porte-paroles pour faciliter la communication des institutions au nom desquelles ils sont appelés à s’exprimer. Pour notre contributeur journaliste Honoré Mahoro, cette bonne initiative tarde à produire des résultats dans l’intérêt du public.

Les journalistes ou les blogueurs en savent long. Eux qui sont souvent à court de sources malgré une liste de personnes-clés dans chaque ministère, en principe, disposées à accorder une interview. Le ministre étant souvent moins disponible, son assistant plus protocolaire qu’exécutif, le secrétaire permanent plus technicien que responsable des relations publiques, le porte-parole est alors la personne privilégiée pour communiquer au nom de l’institution.

Il y a quelque temps, nous jubilions après la création d’un groupe Whatsapp qui réunissait les journalistes et les porte-paroles institutionnels. Trop vite, son initiateur, porte-parole lui aussi, a rendu le groupe moins démocratique en supprimant les journalistes qui espéraient, au-delà de la communication gouvernementale, des éclairages « in box » pour recouper et livrer une information au public.

Qui est le grand perdant ?

Dans un Burundi où la rumeur prend souvent le dessus sur l’information, un pays traditionnellement oral, les porte-paroles ont une grande responsabilité pour soigner l’image de leurs institutions qui peut être entachée à tout moment par une simple rumeur allant à la vitesse d’un éclair. Un aspect qu’ils ignorent  lorsque leur parole se fait absente ou devient sélective.

Cependant, à leur décharge, le travail n’est pas simple. La crise politique de 2015 a créé la psychose de ne pas communiquer. L’inexpérience ou la peur de se faire huer par son chef poussent aussi ces porteurs de messages à un mutisme prudent. On n’est jamais sûr d’être dans la ligne droite du gouvernement ou du parti au pouvoir, sans oublier que la peur de la disgrâce sape le bon vouloir. Pour certains porte-paroles, il vaut donc mieux se taire pour avoir moins de comptes à rendre, et faire semblant d’accomplir son travail.

Dans tous les cas, ce sont les institutions étatiques qui sont les plus grandes perdantes dans cette histoire vu que leur l’image est écornée à longueur de journée par les rumeurs et la désinformation. Conséquence directe : la perte de confiance de la population dans les responsables et leurs programmes.

 


A relire : Anas Aremeyaw Anas, un modèle pour les journalistes burundais?

 

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