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Burundi : devenir prêtre pour fuir la pauvreté ?

Ces dernières années, de plus en plus de jeunes aspireraient à entrer dans les ordres. La parade idéale dans un contexte de chômage endémique ? Le journaliste-blogueur Egide Nikiza a interrogé des séminaristes.  

Joachim Ntahondereye, président de la Conférence des évêques catholiques du Burundi (Cecab) et évêque du diocèse de Muyinga, parle de fortes demandes d’entrée au séminaire par les temps qui courent. Et il estime qu’un bon nombre seraient guidés par des raisons économiques.   

«Le nombre des demandes d’admission au Grand Séminaire augmente d’année en année. Cette augmentation peut être due à des facteurs autres que la foi. Il y a lieu de craindre, par exemple, que dans un contexte de crise économique à haut taux de chômage, il n’y en ait qui postulent pour échapper à ce dernier», lit-on sur le site de l’association Arib.

Ce prélat insiste sur la nécessité de passer au crible les demandes d’admission au grand séminaire. «Nous avons plus que jamais à relever le défi du discernement de l’authenticité de ces vocations».   

Qu’en pensent  les concernés?

Les avis des séminaristes sont partagés. Certains soutiennent que le constat de l’évêque de Muyinga est erroné. Sous anonymat, un étudiant en 3ème année de théologie au grand séminaire de Kiryama en province de Bururi, fait savoir que Mgr Ntahondereye n’aurait pas considéré tous les facteurs.

Notamment la multiplication des écoles : «C’est normal que le nombre de demandes d’admission augmente.» Car, explique-t-il, plus les établissements scolaires augmentent, plus le nombre d’élèves passionnés par la prêtrise augmente aussi.  

Pour ce séminariste originaire de la province Muyinga, la comparaison entre les admissions au grand séminaire de ces jours-ci à celles des années antérieures n’a pas raison d’être : «C’est une analyse partielle et dépourvue de l’essence objective.»  

D’autres perçoivent la critique de l’évêque de Muyinga comme une pure réalité. C’est le cas de Bernard (pseudonyme), étudiant aussi au grand séminaire de Kiryama en 2ème année de théologie.  Il doute que les vocations soient actuellement à l’origine de l’augmentation des demandes d’admission au grand séminaire.

Il base son argumentaire sur les facilités que la prêtrise présente par rapport aux besoins vitaux : «Disons les choses sans détours. Ce sont les jeunes issus des familles défavorisées qui entrent beaucoup dans les ordres ».

Et aussitôt de glisser : «Après avoir changé leur train-train, certains défroquent. D’autres restent mais adoptent un comportement indigne à un religieux.» Tu trouveras que certains se permettent même, confie-t-il, d’entretenir de jeunes filles en échange du charme.

Une jeunesse acculée  

Le désespoir de la jeunesse burundaise a atteint son paroxysme. Je n’avais jamais entendu parler jusque-là de jeunes qui entrent dans les ordres sans vocations. Mais est-ce de leur faute ?  Que nenni.

Même si l’Etat n’est pas une bonne à tout faire, la bonne gouvernance politique crée un environnement propice aux activités du développement. Quant à la gouvernance économique, elle implique une saine gestion des biens publics. Si ces deux stratégies sont combinées, nul doute qu’on pourrait arriver à créer des emplois et à juguler ce chômage qui pousse la jeunesse à adopter des solutions extrêmes.  

 


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Les commentaires récents (2)

  1. chômage!Question à la table de tout patriote burundais.Il y a l’Etat qui dit aux jeunes qu’il n’ya pas de places suffisantes à son sein pour satisfaire tous les jeunes qui terminent les écoles secondaires et universitaires et s’arrête là.Et je me demande,qui a la réponse à cette question?Qui est l’arbitre de la nation?Quelles sont les mesures qu’il préconise pour faire face à ce problème?Ailleur,nous entendons souvent que la question du chômage prend le devant,pourquoi pas chez nous en Afrique,au Burundi où le vieux payan est conseillé de mettre au monde un nombre imaginaire d’enfants et le fait comme il l’entend en s’appuyant sur le dicto »Kuvyarira Uburundi ».Ce qui reste même dans la conscience de certains intellectuels qu’on croit etre la lumière de miliers de nos analphabètes.Je soutiens l’idée de Monseigneur,la montée du taux de demandeurs d’accès au grand séminaire peut être lié au taux élevé de chômage dans notre pays et cela faira un mauvais impact à la foi de nos prêtres notamment la mauvaise gestion dans les paroisses,les abus sexuels,pour ne citer que cela.

  2. Le chômage des jeunes burundais est une raison pure et saine d’entrer dans la vie sacerdotale sans oublier qu’il ya les victimes