Le Burundi étant un pays francophone, les étudiants en quête de bourses dans les pays anglophones rencontrent pas mal de défis. De la traduction des documents aux exigences des tests de niveau, en passant par l’authentification des diplômes, ces bourses semblent être des agrumes uniquement réservés aux étudiants assidus.
La traduction des documents est une phase incontournable dans le processus de recherche de bourses dans les pays anglophones. « Un document se traduit à plus ou moins 15 milles francs burundais. Quand tu dois traduire tous les bulletins du premier cycle universitaire, le diplôme et les documents administratifs, c’est une autre paire de manches», confie Alida, une jeune fille qui a vécu l’expérience.
À part la cherté de ces dossiers, s’ajoute le problème des lettres de recommandation. « Il m’a fallu deux mois pour avoir deux professeurs qui peuvent me recommander. Tous mes profs n’étaient pas prêts à le faire alors qu’il y avait exigence de deux lettres de recommandation », déclare Anissa, qui a décroché une bourse de Mastercard Foundation.
Un autre problème était celui de l’équivalence des diplômes. « Avec le système BMD ( Bachelor Master Doctorate), ce sera facile de s’adapter. Pour nous, c’était le calvaire. On devait passer de longues heures à expliquer pourquoi on a fait 4 ans, parfois 5ans de licence. C’était étrange de demander une admission dans un mastère quand on a déjà fait 5 ans à l’université », témoigne de son côté Audace Mbonyingigo, un professeur à l’université qui a bénéficié d’une bourse au Kenya.
Les Certificats de test de niveau en anglais, un autre grand handicap
Des TOEFL (Test of English as a Foreign Language) aux GMAT(Graduate Management Admission Test) en passant par les IELTS(International English Language Testing System), ces tests exigés pour pas mal de bourses constituent une grande barrière aux étudiants qui souhaitent continuer leurs études dans des universités anglophones.
Ces tests sont non seulement coûteux mais aussi deux sur trois ne sont pas disponibles au Burundi. Les intéressés sont obligés de se déplacer dans les pays voisins pour faire ces tests. « La plupart des étudiants burundais ne peuvent pas payer plus de 200 dollars américains pour l’IELTS et les déplacements dans la sous-région», mentionne Dismas, un étudiant en master à Trinity College de Dublin, qui a récemment fait un test IELTS à Dar-es-salaam en Tanzanie.
Même certains étudiants qui en ont les moyens hésitent à payer pour ces tests sans l’assurance qu’ils vont dégoter une bourse. « J’ai maintes fois hésité de payer mais après un certain temps, j’ai été convaincu que ce non- paiement limitait mes chances. J’ai enfin décidé de payer et heureusement j’ai décroché la bourse», se félicite une jeune étudiante qui a décroché une bourse à Wesley Collège financée par Mastercard Foundation
La validité de ces tests (deux ans) est aussi l’une des raisons qui poussent les étudiants à tergiverser. « Une fois réussi, le test reste valide uniquement pour deux ans. Ce n’est pas évident de décrocher une bourse dans moins de deux ans. Dépenser plus de 500 milles et repasser le test deux ans après au même coût est décourageant » se désole Anaïs.
En plus, le score exigé n’est pas toujours facile à atteindre pour les étudiants qui ont évolué dans le système francophone. A cela s’ajoute le problème d’avoir accès à un matériel approprié. Beaucoup font des tours dans des bibliothèques pour y trouver le matériel mis à jour, en vain. D’autres paient des cours du soir d’anglais ou engagent un formateur. Tout cela coûte les yeux de la tête et décourage les aspirants boursiers.
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