Depuis le début de l’année 2017, le gouvernement burundais ne cesse d’haranguer les réfugiés de la crise de 2015 à retourner chez eux. Un appel partiellement suivi. Malheureusement, la plupart des exilés ne pensent pas rentrer bientôt. Et quelles sont leurs raisons ? Le blogueur Ntore a discuté avec deux d’entre eux.
Pour Cubahiro (pseudo), quitter le Burundi a d’abord été une question de vie ou de mort. « Je travaillais comme journaliste et on me voyait souvent sur terrain dans les débuts des manifestations de 2015. Un ami proche est un jour venu me dire qu’il s’inquiétait pour moi, on commençait à me mentionner dans des réunions suspectes où il avait des entrées. Je l’ai ignoré. Mais il n’a pas lâché et est revenu encore et encore pour le même message et j’ai finalement eu peur. Grâce à Dieu, j’ai pu m’en aller bien avant qu’il soit trop tard», témoigne-t-il.
Depuis, Cubahiro a peur des représailles une fois rentré car avant son exil, on l’avait accusé de collaborer avec les manifestants. Par ailleurs, une autre question lui trotte dans la tête : « Si la sécurité est à 100% garantie, pourquoi on entend toujours parler de morts, de violations de droits de l’Homme, de disparitions? » Pour le jeune homme, tant que ceux qui cherchaient sa tête sont encore en vie, il lui est impossible de retourner dans son pays et de vivre près de sa famille.
Promesses en l’air
Mugisha, torturé en 2015 pendant sa détention de plus deux mois mais qui a pu se réfugier au Rwanda se demande à son tour: « Serais-je devenu immortel pour y retourner? J’ai été détenu dans une petite pièce avec d’autres détenus. On nous brûlait avec acide et on nous battait jour et nuit.. Y retourner pour moi serait comme jouer avec le feu. »
Si le gouvernement fait pression sur les réfugiés pour rentrer, aurait-il au moins résolu la cause de ce qui a poussé ces gens à fuir? Permettra-t-il aux gens qui ont des opinions différentes de les exprimer sur la place publique sans représailles? Sinon, comme cela est bien dit dans l’évangile, appeler les gens à rentrer sans garanties revient à prêcher dans le désert.
A relire:
- La RDC, zone rouge pour les réfugiés burundais
- La guitare ou la Kalachnikov? Nos jeunes refugiés auront à choisir
- #Kamanyola : des mots pour accompagner nos morts