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#Boost : historique, composition chimique et effets indésirables

Le boost est une substance en pleine expansion, produite à base de l’héroïne et d’autres produits chimiques. Mais concrètement, de quoi s’agit-il au juste ? Quand est-ce que le produit a fait son apparition au Burundi ? Les réponses avec le blogueur Yannick Ndayisaba.

« Boost » pour certains, « umuzigo » pour d’autres ou encore « igikete », des mots, qui, chipés au coin de la rue ne captent nullement votre attention mais, une fois susurrés à l’oreille d’un connaisseur envoûtent tout son être et ravivent une soif inextinguible. Plutôt sympa comme jargon, le terme « boost » sert d’argot aux junkies de Buja  pour communiquer sans être compris mais fait aussi référence à « l’effet boost » de la chose : une poudre qui vous fait grimper au plafond en une seconde et anesthésie au passage tous vos soucis.

Produite à base de l’héroïne, elle-même issue d’une « herbe » appelée « pavot à opium », le boost est une substance psychotrope utilisée pour ses effets antidouleur et euphorisants. Sniffée, inhalée ou injectée, cette drogue agit sur les neurotransmetteurs (dopamines) et envoie son usager carrément sur une autre planète : une sensation de vif plaisir qui s’apparente à un orgasme sexuel. Elle procure une intense relaxation qui noie toute douleur physique et psychique. Ce qui est peut-être le principal effet recherché par les usagers.

Composition chimique

D’après le Dr. Boniface Dondogori, pharmacien : « L’héroïne, le principal composant du boost, est constituée d’une molécule organique appelée alcaloïde. C’est une substance qui provient de la morphine. Et le plus grand danger pour l’usager de cette drogue est la dépression respiratoire, qui peut conduire au coma, voire la mort».

Un petit coup d’œil dans l’assiette des accros à l’héroïne. Au menu, l’héroïne blanche qui est très pure et raffinée et l’héroïne-base d’aspect marron, appelée aussi « Brown-sugar » ou boost. Elle est composée de 30 à 50 % d’héroïne pure et d’autres produits chimiques.  Coupée avec la caféine, le paracétamol, la quinine, la strychnine,  l’aspirine ou encore d’autres produits retirés du marché comme la phénacétine lors de la chaîne de distribution, cette drogue expose le consommateur à une toxicité hépatique à long terme.

Avec cet ajout d’autres produits, le dosage n’est même plus possible, ce qui occasionne des overdoses mortelles comme le souligne Richard Nininahazwe, coordinateur de BAPUD (Burundian Association of People who Used Drugs), une association qui vient en aide aux junkies.

Se droguer plus par besoin que par plaisir

Le plaisir inédit que procure cette « potion magique» n’est cependant qu’éphémère. Une fois le cerveau atteint, l’héroïne agit sur les récepteurs opioïdes. Ainsi on développe un syndrome de manque qui se traduit par des douleurs articulaires, osseuses, musculaires, épigastriques (au niveau de l’estomac), des vomissements, frissons, sueurs, tremblements, perte d’appétit, perte de mémoire, trouble de comportement sexuel, agressivité, picotement des yeux, grosse dilatation des pupilles ou même une insomnie pouvant aller jusqu’à trois jours de nuits blanches. Bref, le corps réclame sans cesse sa dose et on s’enfonce à petit feu dans une spirale infernale de dépendance et ses effets pervers.

Quand est-ce que le boost est apparu au Burundi ?

Certains jugeant superflu d’en parler, d’autres ne sortant que le « jamais entendu parler », le statut illicite du produit pèse lourd sur les témoignages. Toutefois, quelques langues commencent à se délier et renvoient l’introduction de cette substance aux années 2000 et 2004. Mais selon un ancien toxicomane qui œuvre dans le réseau BAPUD, le « boost » serait apparu au Burundi depuis longtemps. Il affirme que lui et ses amis le sniffaient en 1993 pour s’évader des effets de la crise socio-politique, mais qu’il n’était pas aussi répandu.  Il s’inquiète de l’ampleur que ce phénomène prend aujourd’hui : « Je croise souvent des jeunes en uniforme d’école qui sniffent le boost  dans des espaces festifs et la plupart prend le boost sans même passer par les drogues intermédiaires. »  

Interrogé sur l’ampleur de cette drogue, le  directeur du département de la pharmacie, médicaments et laboratoire au Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA dit lui-même n’avoir jamais eu vent de son existence, alors qu’une étude a été commandée par cette même institution en 2017. Il enfonce le clou en laissant savoir que le ministère de la Santé estime que l’utilisation des drogues n’est pas encore un problème de santé publique au pays des tambours.

 


Pour lire notre dossier en intégralité, cliquez sur https://www.yaga-burundi.com/categorie/boost/

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Les commentaires récents (2)

  1. A bon c’est du nouveau ça de dire que se droguer n’est pas encore un problème de santé……Nos enfants sont entrain de mourir…….Où va notre pays alors que mm nos supérieurs ne voient où se trouve le problème

  2. Chers bloggueurs,
    merci pour votre travail. J’aimerai poser une question: apres cette immersion dans ce monde horrible, quelles solutions proposez vous? Pas seulement celles qui demandent la participation de l’Etat, mais celles que tout citoyen est a mesure de faire? Merci.