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Avant Eusébie, un « dieu » nommé Migurumiko

Dans un pays qui recensait 550 confessions religieuses sur le territoire national en 2017, pour espérer tirer son épingle du jeu,  il faut savoir se démarquer. Certains individus l’ont compris, comme le célèbre « Roi des Rois » Migurumiko, un gourou qui a défrayé la chronique  deux décennies avant la voyante Zebiya.

Fin 1993, aux prémices de la guerre civile qui allait endeuiller le Burundi pendant plus d’une décennie, un homme se réveille avec une illumination. Il serait non pas l’Élu, mais celui qui élit les élus, il serait Dieu. On peut reprocher aux historiens de cette époque de ne pas nous avoir laissé une documentation conséquente sur ce personnage, mais à leur décharge, dans ces moments qu’on préférerait oublier, ils avaient mieux à faire, comme sauver leurs emballages corporels.

Donc sur André Josué Migurumiko, alias le « Roi des rois », alias le « Tout puissant », on retrouve peu de choses. Une recherche approfondie sur internet te ramènera dans les pages désuètes du  site d’information Net Press au début des années  2000. À ce moment, Migurumiko n’est plus la pseudo-divinité dont on se moque dans les salons obscurs de Bujumbura en espérant oublier les patates explosives qui pleuvaient sans avertir des montagnes surplombant la ville. Non, Migurumiko et ses (nombreux) adeptes font face aux forces de l’ordre, revendiquent à cor et à cri leur amour et croyance en ce nouveau dieu-fait-homme, et réclament une liberté de culte que leur autoriserait une constitution laïque.

La chute d’un dieu

Au moment où les Burundais semblent craindre le dieu (suprême) hérité des colons, ce n’est pas le cas pour l’imana auto-proclamé André Josué. Au sein de la Mission Evangélique Indépendante, l’église qu’il a lui-même initiée, des dignes héritiers de l’Ange déchu se rebellent et veulent prendre le pouvoir à l’aube de 2001. Contrairement à Lucifer qui sera vaincu et précipité sur terre (on se demande toujours pourquoi, l’univers est siiii grand), les mutins vont réussir leur coup, avec la bénédiction des pouvoirs publics. Et dire qu’il y a ceux qui accusent notre cher Ombudsman d’avoir inventé la nyakurisation.

Le dieu renié finira comme un simple mortel, énième victime de la justice partisane des hommes. Au moment où le fils du Dieu hébreu sera vendu 30 deniers, « Rugira » André écopera de 100 000 fbu d’amende et une peine de cinq ans, qu’il purgera en partie avant de disparaître des radars. Actuellement, il se serait établi en Ouganda, possède un compte facebook sur lequel  ses fidèles ne cessent de le vénérer.

Les anecdotes sur Migurumiko sont légion. À l’heure actuelle, il est devenu presqu’impossible de démêler le vrai du faux. Mais l’homme qui était réputé délivrer des diplômes donnant accès au ciel ne pouvait que récolter des adeptes à la pelle dans un pays meurtri. Une contrée où le dieu unique que tout le monde adorait semblait avoir plié bagages et laissé le pays plonger dans la folie.

Malgré tout le bien que le « roi » André Josué aurait prodigué à ses adeptes (s’ils le suivent en exil ce n’est pas pour recevoir des coups j’imagine), la détresse qu’il a causée dans leurs familles a fait de lui un paria à jamais. Un héritage que la voyante Zebiya semble vouloir récupérer, avec grand succès.

 


A relire : Affaire Zebiya : journal d’une fille abandonnée par sa mère

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Les commentaires récents (3)

  1. Alif ton dessin aurait été plus frappant si tu avais fait une image d’un gourou devant sa communauté de croyants entouré de femmes et plein d’argent en poche. Crois-mois pour ces cas d’un homme dieu-kurizé j’en ai été témoins.

    1. Chère Eve, MIGURUMIKO est très différent de tous les gourous connus et à Eusébie aussi. Seulement ceux qui n’ont pas connu Jésus de Nazaleth ne connaîtrons non plus MIGURUMIKO.