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AMISOM : « Ne nous abandonnez pas ! »

Après une résolution du Conseil de « sécurité des Nations unies prévoyant la réduction progressive des effectifs de l’AMISOM (Mission de l’Union Africaine en Somalie) jusqu’à leur retrait total en 2021, le blogueur Apollinaire Nkurunziza a pu effectuer une visite dans cette contrée sinistrée par une guerre civile de presque 30 ans. Pour lui, le pays n’est pas encore prêt pour laisser partir ses précieux protecteurs…

Une marmaille d’enfants baragouine une langue inconnue dans un brouhaha à  casser les tympans. Ils nous disent «  Mafyanta » (salut). À côté, des bidons attendent  de se faire remplir en une queue kilométrique. Dans la sérénité, les Somaliens puisent à tour de rôle. La question d’eau n’en est plus une. «Elle est désormais résolue», disent ces réfugiés ayant fui les attaques des rebelles. Des  robinets multiples au débit très fort sont rangés en parallèle, sans la moindre inquiétude de tarir. À quelques mètres de l’Etat Major du contingent burundais, un camp de déplacés intérieurs s’y trouve. Des maisonnettes en brindilles très fines et à la toiture  en tente – sauf une poignée d’elles en tôles- vous laissent le loisir de jeter un coup d’œil à l’intérieur à travers leurs murs transparents. Tout est précaire chez ces Somaliens. Ils sont visiblement dépourvus de tout sauf de la sécurité et de cette eau que leur ont octroyée les troupes burundaises, leurs voisins. Pas d’écoles, pas de structures sanitaires, pas de routes asphaltées depuis à peu près 20 ans. Les latrines dites «  turques » que partagent quatre ou cinq familles sont également un projet du contingent burundais.

« Les Burundais sont nos frères, nos protecteurs. Nous les remercions pour tout ce qu’ils font pour nous. Nous souhaitons qu’ils restent plus longtemps », a fait savoir l’un des sages du camp s’adressant aux journalistes burundais sur place.

Appel à l’aide

En dehors du camp, les autorités administratives de l’État de Hirshabelle qu’occupe le contingent burundais n’entendent pas d’une bonne oreille le futur départ des troupes de l’AMISOM.  « Nous voudrions que vous restiez aussi longtemps que notre armée n’est pas à mesure de prendre les choses en main. Pourquoi partir alors que votre mission n’est pas encore achevée ?  Le sang que les vôtres ont versé sur cette terre serait vain », s’est indigné le ministre de l’Intérieur Muhamed Ali Adle.

Tout au long de la route, dans des ligala ou en patrouille, rien ne distingue les soldats somaliens d’une milice quelconque. Des hommes et des femmes dont certains très jeunes, aux visages infantiles, tiennent des fusils. Les uns sont en uniforme et d’autres sans. Plusieurs sont en uniforme incomplète. Leur point commun – du moins pour ceux que j’ai croisés – c’est le non-port de chaussures militaires : des babouches et des sandales. Un soldat burundais me révélera qu’ils les vendent, après approvisionnement.

L’ONU le voit autrement

Dans l’entre temps, la résolution 2372  du 30 août 2017 du conseil de sécurité de l’ONU prévoit le retrait total des troupes de l’AMISOM en 2021 dans le cadre de permettre aux forces de sécurité somaliennes d’assumer entièrement les responsabilités en matière de sécurité. Par conséquent la récente résolution 2415 du 15 mai 2018 « rappelle sa décision d’autoriser les États membres de l’Union africaine à réduire à 20 626 agents, d’ici au 30 octobre 2018 ».

Vu  la force de l’armée somalienne et les doléances de l’opinion nationale qui n’a pas encore cru en la force de ses soldats, une question est dirigée vers l’ONU : « A quoi bon d’avoir sacrifié des moyens humains, matériels et financiers et laisser le travail à moitié fait? »

 


A relire : Non, le Burundi n’est pas l’enfer sur terre

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Les commentaires récents (1)

  1. Très dommage de laisser ce peuple meurtri dans une situation si précaire et sans lendemains! Mais ainsi va le monde actuel. Que peut-on faire si les grands de ce monde l’en ont décidé ainsi?